16.9.08

Le projet (manifeste hivernal)



L'automne est là, il fait gris, sec et froid; l'envie retrouvée de mettre le nez dehors. L'Alexanderplatz a repris des airs orientaux, vidée de ses touristes, des diverses foires qui l'ont enlaidie tout l'été. Le long du métro aérien, le vent s'engouffre dans les cols et sous les manches, je respire l'air de septembre, l'air de l'an passé; tout est (à nouveau) possible parce qu'un cycle complet s'est déjà accompli; voilà. J'ai des envies de ballades du dimanche matin, seule, mon inévitable "cafe to go" à la main.
Je ne crois pas que je pourrais être heureuse dans un pays où il ferait toujours beau. Le bonheur facile du soleil sur fond bleu, tout ça. C'est difficile d'être heureux quand tout le monde rayonne à la terrasse des cafés, il faut l'être plus que les autres, ou en même temps. Alors que se promener la mine réjouie quand les passants se pressent de rentrer chez eux...(un trésor, un secret, un paradoxe). C'est étrange, quand il fait gris, la nostalgie, la mélancolie, ça donne des couleurs pâles partout, pas comme sous le soleil où elles ont l'air maladives délavées par le soleil.

C'est peut-être pas si faux, je suis une fille de l'est. Il faisait froid le jour de mes plus beaux souvenirs.

Bref, sur mon banc, j'ai maintenant mes petites habitudes, et les oiseaux et moi on grelotte sous la lumière des débuts d'après-midi entre la chaleur artificielle et l'agitation du boulot et la linienstrasse perpétuellement en travaux. J'attends très patiemment le retour de J pour voir si on pourrait être heureux (si je pourrais être heureuse) cet automne (lui qui râle dès qu'il fait beau), et pour la première fois je rêve pour de vrai, il devient juste un personnage de plus, et ça me fait du bien parce que ça ne me fait plus mal. Et puis encore et toujours plein de souvenirs qui m'assaillent, que je laisse venir, c'est plus facile en hiver.

Je bouillonne complètement le reste du temps, à penser à ce film qui pourrait bien se faire finalement. J'avais oublié l'énergie qu'on trouve dans ce qui nous tient à coeur; et plus j'y pense plus il est évident que j'ai trouvé ce dont j'avais besoin. Le projet. Le projet n'est pas grand chose pour l'instant, à part l'idée de faire parler mes collègues devant une caméra, et de matérialiser cette mosaïque de visages, d'expériences, de parcours et d'histoires en 45 minutes. On doit commencer jeudi à filmer sans vraiment savoir ce que ça va donner, et j'ai peur tant qu'on n'y est pas que ça ne fasse pas. C'est marrant, avec cette fille que j'ai vue en tout et pour tout quelques heures, on est tombées d'accord sur le fait qu'on avait envie de s'investir dans quelque chose là tout de suite maintenant. J'ai commencé à démarcher les gens au boulot; avec mon adresse e-mail sur des bouts de papier, au hasard des pauses clopes et des rencontres dans le métro, il aura fallu ça pour que mon âme de communicante se réveille.., et ça fait plaisir de voir que ça résonne ailleurs que chez moi. Tout ça commence à prendre forme dans mon esprit, on verra bien, on verra...

(photo Leonard Freed, mon expo de dimanche)

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