27.12.08

Les mains vides

Je suis d'une humeur à me taper la tête contre les murs. Il faut que j'oublie Noël, les bulles et toute la fatigue accumulée, le soir où je me suis endormie sur le canapé et réveillée toute seule à 2h du matin, la Nuit de Noël à attendre son retour, la belle nuit de Noël avec vue sur les fênetres éclairées des voisins.
Il faut que j'oublie, que je bouge et je reste là, à attendre encore, encore, encore, à attendre toujours plus, à attendre un cadeau qui ne viendra pas, à attendre qu'il choisisse quelque chose pour moi, à attendre qu'on vienne me chercher, et qu'on m'emmène loin, qu'on me pose ailleurs, à attendre de me réveiller dans un autre lit, à attendre de finir par crier devant l'impasse.

A attendre que ça passe.

22.12.08

"Alexander Supertramp"

Ce lundi matin a quelque chose de pathétique. J'ai été chez le médecin, prétendu que je vomissais depuis deux jours et obtenu deux jours d'arrêt maladie. Je retournerai bosser le 24.

J'aime bien mon mec. Le samedi soir, il joue au billard avec son pote-collègue, Hartmut, un mec de cinquante ans célibataire sans enfants avec un air de mec qui râle tout le temps. Mais Hartmut, à force, il m'aime bien. Et moi aussi je l'aime bien. J'aime bien mon mec parce qu'il râle quand je joue comme une merde au billard, quand je fais pas attention, et qu'il me laisse pas gagner, qu'il reconnaîtra jamais que c'était un joli coup, celui-là, mais que je sens que de l'autre bout de la table il me souhaite très fort de rentrer la "Kugel" du premier coup.

Dimanche, il faisait nuit quand on a émergés. J'ai jamais aimé faire la sieste, et surtout pas pour se réveiller quand il fait déjà nuit. Surtout pas un dimanche. Mais à deux, c'est différent, evidemment. J'avais un air de chanson dans la tête ("on fera tout ce qu'on trouve nul quand on doit le faire tout seul, comme se balader le dimanche, et puis boire du tilleuil"). Je pensais presque plus à Noël.

(Je crois que j'avais fini par oublier qu'on était le 21 décembre. Parce que même si je suis une amoureuse phobique des dates, cette date-là n'est pas la mienne. C'est pas moi qui ai entendu la porte claquer ce jour-là, il y a deux ans, c'est pas moi qu'on a laissée, c'est pas mes rêves qu'on a brisés. Et le 21 décembre, l'histoire ne s'est pas répétée, personne n'a quitté personne, on a défait des cartons et balayé des tonnes de poussière.)

Dans la Maison, en face, il y a une nouvelle voisine, qui a peint ses murs en bleu. En bleu roy, bien franc. Il y a de jolies photos encadrées posées par terre, qui attendent d'être accrochées. Ca respire les commencements. Et, accoudée à la fenêtre une clope à la main, j'enviais la nouvelle voisine. Je me disais que peut-être elle allait rencontrer B. elle aussi, qu'il lui ferait découvrir Berlin, qu'il lui parlerait de l'histoire de la Maison et que peu à peu elle découvrirait tout ça, cette atmosphère et ces gens. Je l'enviais. Il m'a fallu un moment pour me sentir nulle. Hey, ça t'es déjà arrivé, à toi, ça. C'est bon, c'est fait.

J'aimerais bien pouvoir entrer dans l'avenir, dans le mien si possible. Comme j'aimerais. C'est peut-être pour ça, mes envies d'emmenagement, mes envies de...J'aurais besoin d'arrêter les coups de fil à minuit, après une soirée ailleurs, les "tu fais quoi, là?", les "je peux venir". J'aurais besoin d'être là et que ce ne soit plus discutable, histoire de passer à autre chose, histoire de ne plus sentir le besoin, d'avoir l'esprit libéré de ça, au moins.

J'aurais besoin d'une nouvelle ère.

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Mais j'ai préféré crever l'abcès. Parfois, je suis comme ça, aussi. J'en suis fatiguée de mes attentes, de mes envies. Je me suis souvenue que devant la chambre Bleue j'ai pensé que, même si j'habitais vraiment dans la Maison, je l'envierais quand même, ce bleu aux murs.

J'ai passé un coup de fil, laissé passer mes silences et collé des mots sur. Pour déclarer la période de cristallisation immobilière close.

C'est pas une vie de couple qu'il me faut, c'est de nouvelles couleurs.

18.12.08

cette fois

Dimanche emballer les assiettes dans du papier journal, les tableaux dans du papier bulle. Dormir sur le matelas au milieu de la chambre vide. Lundi se lever tôt pour accueillir les déménageurs. Dire dix fois que ça va aller, qu'il faut pas s'énerver. Mercredi nettoyer une cuisine et les vitres debout sur le plan de travail. Dîner au milieu des cartons, chercher une fourchette tout au fond. Encore un matelas face à la fenêtre, avec vue sur les échafaudages.

On aurait pu croire que moi aussi je déménageais.

Quand je suis entrée pour la première fois depuis la fin de l'époque précédente dans la Maison "rénovée", il y a une centaine de souvenirs qui m'a assaillie. Dans la cour, à l'emplacement du m*nibar, c'est maintenant un duplex. Avec des balcons très moches en alu, ceux qu'on voit partout. Evidemment la peinture de la façade qui donne sur la rue a été effacée, elle aussi. "Sanierung".

En montant les escaliers, il a fallu que je m'accroche un peu à la rampe. J'ai eu du mal à reconnaître l'appartement. Je me suis souvenue que j'avais commencé à aimer les cuisines à Berlin, enfin dans cette maison. On a mangé rapidement avec ce qu'on pouvait trouver sans tout déballer. Là, une vague de tristesse, à la regarder dans sa cuisine à laquelle il ne voulait surtout pas qu'on touche, finalement réduite de moitié. A le voir au milieu de ces nouvelles pièces, au milieu du bordel, sans savoir par quoi commencer. A remarquer le canapé défait campé exactement face à la fenêtre, comme pour s'habituer.

J'ai arrêté d'avoir peur à cause du retour dans la Maison. J'ai arrêté d'être supersticieuse, de croire que les six derniers mois dans le petit nid sous les toits allaient s'effacer d'un seul coup. Que tout allait redevenir comme "avant", comme quand je ne pouvais pas l'aider, comme quand je ne pouvais pas lui dire "le plus dur est passé, ça va aller".

Tout change...





14.12.08

chenille

Je suis super fatiguée. Hier soir je l'ai aidé à finir ses cartons et la dernière nuit pour moi dans cet appartement sous les toits. C'est bizarre, de devoir tout emballer, pour, deux jours plus tard, recommencer.
Et moi j'aimerais bien, aussi, me ranger.

Je suis fatiguée. Un dimanche à boire du café dans les gobelets en carton, une matinée un peu hors du temps.

Des livres à lire, des (surtout un) mail(s) à écrire, des bonnes résolutions à prendre peut-être en avance, et toujours tellement de choses qu'il faudrait savoir se proposer.

(space oddity : ici + ici)

8.12.08

"and you see me with somebody new"

Ce n'était pas au même endroit, et peut-être pas tout à fait aussi classe. Pas aussi impressionnant non plus la deuxième fois. N'empêche que dans ma robe à paillettes je frisonnais autant de froid que d'angoisse -de trac- en attendant l'ouverture des portes avec S.

J est déjà entré, par l'autre porte, puisque ce soir il travaille. Les quelques visages connus que je croise me font moins d'effet que prévu, et quand quelqu'un me demande où j'étais passé tout ce temps, je réponds 'versteckt' (cachée) sans savoir ce que j'entends par là.

J'entre avec S chargée de ses appareils photos dans la salle de jeux. Autour des grandes tables, on ne voit que des têtes baissées, et des bras qui se lèvent au hasard des chiffres, parfois le reflet brillant des robes des filles.

Derrière le rideau doré, j'aperçois de justesse son sourire qui ne me voit pas. Juste devant l'orchestre. Je le regarde longtemps et je ne fais pas attention à qui pourrait me regarder, moi. Je le regarde distribuer des cartes, l'air heureux, un peu. Derrière le rideau et juste devant l'orchestre, il y a seulement ce qui occupe mes pensées depuis un an. Il est beau, concentré, inaccessible.

Ca m'échappe.

Je n'ai pas envie de boire. J'ai envie d'être très consciente de ce moment. Et je regarde, longtemps, et avant les larmes aux yeux, je détourne la tête.

Entre 3 et 5, l'heure à laquelle, scientifiquement, le corps et l'esprit sont le plus fatigués, je croise quelqu'un devant le miroir des toilettes et pendant que je rougis un peu mes joues, elle me dit bonjour le plus ironiquement du monde, avec un petit sourire "il fallait evidemment que je tombe sur toi". Je n'en pense pas moins, la fille restée plus longtemps que moi dans la cuisine de l'an passé. Je danse avec B et surprend, mais une seule fois, le visage de l'Ex, j'écoute S me parler comme d'habitude de la même personne, je ne bois toujours pas beaucoup, j'attends. Longtemps je reste assise sur le canapé où je fixe le groupe sur la scène, et je pense aux "fragments d'un discours amoureux". 

Celui qui aime c'est celui qui attend.

Il est 4h30 et j'attends la fermeture des salles de jeux. Jusqu'à ce qu'il vienne me chercher et qu'il m'embrasse, et qu'il me demande 'ça va, quand même'.

Dans la grande salle, sur les fauteuils de salles de cinéma, des visages pas croisés depuis le m*nibar, et ceux qui me regardent à côté de lui avec un air un peu narquois au coin de l'oeil, la petite jeunette qui débarque et ne sait pas où elle met les pieds. Seulement j'ai maintenant pour moi suffisamment de choses, suffisamment de larmes et de joies pour défier leur regard. Même si j'entends les soupirs derrière mon dos.

Dans la petite salle du devant on n'est plus très nombreux et la fille restée plus tard que moi dans la cuisine est là aussi. Et J danse un peu avec elle et je ne sais pas si comme les autres j'ai le droit de remarquer qu'elle enchaîne les shoots de vodka sur la table. Un an après. Quand il me cherche du regard et qu'il m'enlace et qu'on rit ensemble, et que je pense très fort, un an après, "on y va", oui on rentre se coucher, et dans la voiture de S. il fait déjà jour.

3.12.08

"i’d really like a small part of it"

M. vient de passer avec des bières, et on a reparlé du film, et l'orange, symbole de ma frustration, s'éloigne doucement, s'éloigne avec cette ville, avec ces projets, avec les sourires, avec le clavier sur lequel mes doigts courent vite.
Je ne sais pas si j'ai un jour désiré autre chose que l'urgence.
Une vie pleine de précipices, même si j'ai moins envie d'y plonger tête baissée. Mon instinct de conservation fait son chemin et parfois je me sens moins à découvert, même si je regrette de n'être plus autant, de n'être plus aussi à vif qu'avant.
Tout est relatif. TOUT est relatif. Comme la joie que J m'invite à cette soirée, cette soirée-là précisément, celle où je suis tombée amoureuse, celle où je n'aurais jamais pensé qu'un an après je serais sa cavalière, et que peut-être je le forcerais à danser, que je le forcerais à rentrer dans mon monde à moi, cette fois avec l'envie à en crever de coller ma bouche à la sienne, bref.
Et depuis samedi devant cette crèche idiote le manque me fait un joli monde à moi, même si je n'ai ai osé te dire que en bas de ton ancien appartement, les magasins ont fermé, tu sais, et que l'at*ac où on allait acheter du gin fizz tout préparé et des chanterelles à en rire à en pleurer, fermé, lui aussi.
Sans bien savoir pourquoi, j'ai envie d'écrire à la copine de mon frère, cette fille-là qui pèse 45 kilos et non plus 36 et qui avec ces milliers de gramme en plus lui fait prononcer des phrases comme 'elle va mieux, je crois, je suis content'.
Même si j'ai oublié dans l'appareil les photos que j'ai faites de lui un samedi matin, au dixième étage d'une tour pluvieuse.
Et rien d'autre que the organ.

29.11.08

recherche chanson pour clip sans orange dedans

Please beware of them that stare
They'll only smile to see you while
Your time away
And once you've seen what they have been
To win the earth just won't seem worth
Your night or your day
Who'll hear what I say.

Look around you find the ground
Is not so far from where you are
But not too wise
For down below they never grow
They're always tired and charms are hired
From out of their eyes
Never surprise.

Take your time and you'll be fine
And say a prayer for people there
Who live on the floor
And if you see what's meant to be
Don't name the day or try to say
It happened before.

Don't be shy you learn to fly
And see the sun when day is done
If only you see
Just what you are beneath a star
That came to stay one rainy day
In autumn for free
Yes, be what you'll be.

Please beware of them that stare
They'll only smile to see you while
Your time away
And once you've seen what they have been
To win the earth just won't seem worth
Your night or your day
Who'll hear what I say.

Open up the broken cup
Let goodly sin and sunshine in
Yes that's today.
And open wide the hymns you hide
You find reknown while people frown
At things that you say
But say what you'll say

About the farmers and the fun
And the things behind the sun
And the people round your head
Who say everything's been said
And the movement in your brain
Sends you out into the rain.

things behind the sun - nick drake


Au petit moment de faiblesse sur le quai. Les rails et les gens qui reniflent a cause du froid, et me donnent un alibi. En attendant que mes instincts creatifs se reveillent. En attendant d etre mieux et d etre comme avant, et d etre mieux qu avant.
Aux questions qui font mal et qui sont necessaires pour cette raison precise.

A toi.

27.11.08

what i am to you is not real

On avait passe une soiree parfaite, peut-etre la meilleure depuis que je reste dormir avec lui. Je le regardais avec mon echarpe rose autour du cou m expliquer sa conception de l education, chatiments corporels eventuels inclus, et je lui montrais les rares photos de nous que j ai, et j avais du mal a detacher mes yeux de sa bouche.
Je descendais les verres de vin rouge et j en oubliais _ enfin_ de nous regarder etre heureux ensemble.
En pleurnichant un peu d emotion, plus tard, quand il reprenait son souffle dans mon cou, je le lui ai dit.
Enfin. Et ca m a soulagee.

Ce n est pas possible de dire moi aussi. Moi non plus je n y arrive pas, je n y suis pas arrivee quand quelquefois il m a dit je t aime. On n est pas dans cette image la, pas dans ces photos, pas dans ces projets non plus.

Il m arrive de lui en vouloir. Il m arrive de me sentir glisser quand je pense a ce qui "pourrait etre". A ce qui n est pas.

Et puis toujours je me demande comment ca va finir, comment je vais en sortir. A defaut d etre engagee dans une "vraie" relation, je suis entree dans quelque chose, ce soir-la, en m allongeant contre lui sur le canape. Et ca m effraie, de ne plus trouver la porte a refermer, quand le moment sera venu.

Parce qu evidemment on ne va pas passer notre vie ensemble, parce qu evidemment on n aura pas d enfants ensemble. Parce qu evidemment ca ne marchera pas, parce qu evidemment j ose encore esperer plus que ca. Parce qu il a 38 ans et que j en ai 23. Parce que je ne sais pas si un jour on pourra dire moi aussi sans avoir l impression de jouer à.

................................................................................................

Dans la voiture en rentrant "a la maison", ma mere tente de m interroger sur mon avenir et mes projets. Je tourne la tete et j allume une clope.

Dans la voiture, j ai decide de demenager pour de vrai. D arreter de m enfermer. D arreter de me planquer derriere mon histoire d amour a geometrie variable. D arreter d attendre le declic et le deluge. De vivre un peu plus fort.

Juste avant de me rendre compte qu on ne peut pas mettre ca sur une to do list.

Comme souvent, envie de crier, de pleurer, de rire, d exploser, un peu tout en meme temps. De se souvenir et d effacer. D essayer de croire juste un instant qu on recommence un peu chaque matin, et que tout ira mieux, avec le temps. Tout.

19.11.08

ne se prononce toujours pas

J'ai rêvé toute la journée d'être dans mon lit et bien sûr maintenant je n'arrive pas à m'endormir.

...

Il fallait evidemment que je retombe sur tender forever ce soir, et que je me revois dans la voiture les yeux fermés les papillons dans le ventre et tender forever scintillant dans ma tête, c'était le jour de noël et je venais de quitter berlin pour la première fois, avec mes premiers souvenirs des premières nuits, fragiles et inattendues . Les souvenirs de quand je suis tombée amoureuse, ceux-là, ils sont vraiment beaux.

Hier soir j'ai parlé calmement d'un départ éventuel, j'ai évoqué doucement mes doutes, et ça m'a fait du bien. Et je n'ai pas parlé de nous, comme pour reprendre mes droits, et c'est vrai que je n'y pensais pas tellement, ou calmement (encore une fois et étrangement) . C'était presque facile, sur un canapé sous une couverture avec une bière et son écoute sous son regard et dans cette atmosphère-là, celle de son appartement, où peut-être je n'aimerais pas habiter finalement tellement j'aime la retrouver.

J'attends beaucoup de cet hiver qui arrive, et ce soir je suis dans la voiture avec le ciel neigeux et la douceur étrange.

18.11.08

NSP

Je me jette à peine réveillée sur les courriers non-ouverts pour la plupart qui encombrent la commode de l'entrée. J'ai du faire un mauvais rêve. Des factures et des rappels de facture, quelques dizaines d'euros à payer à la bibliothèque pour un livre jamais rendu, une assurance maladie dont je ne me suis jamais occupée.

Aujourd'hui le réveil a sonné mais ne m'a pas convaincu, j'aurais voulu passer une journée à regarder la mer, j'ai téléphoné et me suis déclarée absente, persuadée d'avoir beaucoup de choses à régler, fatiguée d'avance de tout ce que je ne vais pas faire et pourtant il faudrait.

J'en ai marre de ce bordel, je voudrais que les choses roulent, qu'elles aillent dans mon sens et que sans me forcer j'arrive à trouver un moyen, une voie, une solution.

Je suis fatiguée d'attendre le déclic, le mien, celui d'un autre aussi, je suis fatiguée de mes bonnes résolutions et des illuminations éphémères; je voudrais rentrer chez moi, et reprendre ma vie là où je l'ai laissée.

La recommencer ailleurs (encore). Il faudra finir par comprendre que je ne suis pas censée être un brouillon.

Je ne sais plus quand la suite dans les idées m'a abandonnée, quand j'ai arrêté d'être si sûre de ce que je faisais, quand je n'ai plus dit c'est comme ça et pas autrement, quand il n'a plus été si facile de mener sa barque, d'assumer, d'être persuadée que tout irait bien quoi qu'il se passe ou presque. Et je ne sais plus comment recommencer à croire en moi.

Et surtout je cherche toujours le sens de toutes ces mutations, je continue à chercher pourquoi j'ai l'impression de me diluer depuis que je suis ici, d'infuser dans cette ville (un sachet de thé dans une énorme tasse d'eau brûlante). Ce qu'il faudrait que je fasse pour que ça s'arrête.

Je prie un peu pour pouvoir bientôt avoir le luxe de ne plus me poser ce genre de questions. Et j'espère qu'après m'être perdue je me (re)trouverai pour de bon.

6.11.08

intermede

Ce call center c'est vraiment n'importe quoi, ça me conduit à ramener une mère de famille bourrée à la maison, et à avoir envie de dormir avec jules qui voulait me ramener sur son guidon parce qu'il n'a pas de porte-bagages sur son vélo (mais je me suis contentée du bonne nuit aguicheur de rigueur), et puis le patron du resto tibétain a fini par danser au milieu de notre table de 20 personnes pour l'anniversaire de C , les yeux fermés; H. était ivre morte comme toujours et au lieu de manger elle fumait et buvait et voulait embrasser tout le monde sur la bouche.

C'est dingue qu'une fille qui fume un (2) paquet par jour n'ait pas un seul briquet chez elle; en cherchant j'ai trouvé plein de capotes, celles que je (on) n'utilise pas (no comment).

Je travaille dans 5h.

je ne sais pas d'où ça vient

mais il faut vraiment que ça s'arrête
l'angoisse
avis de tempête
(non, ça ne va pas durer)

5.11.08

boum big badaboum


J'aurais dit que ça n'allait pas se mettre à recommencer, tout ce cirque; décrocher, raccrocher le téléphone, décrocher, les sonneries, une voix et mon silence au bout, raccrocher après ses mots à lui et mes balbutiements, rappeler après quelques minutes; recommencer.

Je suis en état de frustration permanente, quand il est là, quand il n'est pas là.

Ces derniers jours je pleure de nouveau trop souvent et je n'arrive plus trop à m'arrêter, jusqu'à ce que je ne sache plus pourquoi.

Je ne suis pas gaie, je ne suis pas légère. Et je n'en peux plus de l'entendre me dire de ne pas penser à l'après, à l'avant.

Mes larmes ont un sale goût d'avant, d'il n'y a pas si longtemps.

Je n'arrive pas à être juste bien, à lâcher prise, je n'arrive pas à m'empêcher de creuser.

Je ne peux pas m'empêcher de forcer ses paroles, et je ne les supporte pas.

Je ne peux pas le laisser.

30.10.08

take it or leave it

Cet après-midi je me suis perdue dans un quartier de berlin que je ne connais pas, perdue sous la pluie qui rentrait dans mon col et dans mes manches, 15h30 la ville déjà sombre et l'eau qui glace ma peau, nous allons entrer en novembre.
Au bout de la rue, on a filmé G., ses tics et son appart taudis, ses cafés dans des pots de yahourt et son lit en cagettes.
Hier soir j'ai pleuré comme au bon vieux temps après trop de vin et parce que sa boîte e-mail était ouverte. C'était pourtant la première fois qu'il m'invitait alors qu'il a de la visite, une prof de quelques années de plus que lui et qui a des élèves de mon âge. Alors il ne fallait pas que je crois aux progrès, la soirée était trop belle. Dans ses mots à une autre je l'ai retrouvé, lui. Celui qui ne m'offrira pas l'histoire que je voulais.
Quand il est venu me rejoindre, j'avais de l'alcool en retard et des larmes en avance, et plus le temps de l'attendre. Plus assez de mascara pour jouer à la fille qui ne s'en fait pas, déposé sur les oreillers en longues marques gracieuses. Avant je fumais à la fenêtre sur le toit et je jouais à le regarder au loin, là où il aurait du être, dans mes rêves tranquilles et dans ses yeux fermés du matin.
Comme un peu toujours la même histoire.
Et puis j'attendais le prochain choc, sans savoir si ce serait un de plus ou le coup de trop. Sans savoir si c'est important la douceur et le reste, ou s'il faut savoir à tout prix ce qui se trame sous nos cheveux. Et prendre le risque de tout faire exploser en souvenirs toxiques et en images envahissantes.
J'ai au moins compris que je cherchais une issue pour être tranquille, d'une façon ou d'une autre.

28.10.08

avec un D comme démission

Parfois quand je tape Berlin + emploi dans google, j'ai vraiment envie de pleurer :

l'annonce qui tue

(sérieusement, un chat pour enfant? 1,50 euro par heure ça couvrirait même pas la consommation de clopes à laquelle je serais astreinte pour supporter de passer mes journées à remplacer "con" par "pas gentil")

Hé niiiin.

Par contre j'aimerais bien être actrice dans Le coeur a ses raisons.

26.10.08

charleston

Revenir chez moi après quatre jours chez lui, c'est pas facile. Devant ma porte, avec mon sac de linge propre, ma lampe, mon gilet de mamie et ma veste de la croix rouge achetés aux puces, je faisais pas trop la fière.
Entre une journée d'angoisse plus ou moins sans objet et une journée de glande sans excuses, j'ai fini par le dire, que j'avais, parfois, PARFOIS, envie de vivre avec lui. Parce qu'après tout, c'est joli, une envie comme celle-là, quand c'est la première fois, non?

Je sais pas pourquoi je joue à me torpiller le coeur en écoutant Tarmac non-stop, et je ne suis pas loin de penser que Longtemps est la plus belle chanson de tous les temps.

Pendant ce temps, j'essaye de gribouiller en vain, avec environ une envie irrépressible d'aligner des mots en noir sur blanc toutes les 30 secondes sans y arriver, forcément.

Pendant ce temps, on réserve pour moi un aller-retour Berlin-Budapest, et j'essaye très fort de ne pas penser que ce n'est pas la bonne personne qui. J'ai donc des amis au boulot, des qui ont envie de faire des choses avec moi, des qui râlent parce que je me défile souvent, et pour la première fois je suis la "secrète", la discrète dans un groupe.

Il y a encore des listes dans ma tête, et je les recopie encore et encore sur les petits carnets.

A la place je regarde Lost toute seule en me faisant peur, et Le coeur a ses raisons avec J parce que ça nous fait rire.

11.10.08

Même si

Il y a eu ces jours où les bons moments se sont suivis tellement vite que je n'ai pas éprouvé, pour une fois, le besoin de les écrire, de m'en souvenir. Ou comment de heurté tout devient fluide, nos gestes, nos attitudes et nos mots, parce que je ne me suis plus attaché au moindre de ses regards, parce que j'ai accepté de laisser passer le bon comme le moins bon, parce que tout n'a plus une si grande importance puisque demain ça continue. Relachée. Fluide et naturel.

Il y a eu les amis à sa table, les "vous" et les "nous", les toi et moi. Quelque part ça y est. Quelque part j'ai gagné.

Mon appartement fait un peu témoin, avec les fringues sales jetés par terre en passant, quelques lundis soirs seule, des soirées montages, "non je n'ai pas gardé tes clés", oui j'habite toujours chez moi, j'y dors seulement moins souvent.
Je n'ai jamais rien voulu d'autre que ça, jamais demandé plus et maintenant j'ai la tête de la fille qui ne sait pas quoi faire de son cadeau. Je suis la seule à savoir combien je l'ai payé.

Au moindre moins bien c'est la peur qui reprend le dessus, et chaque silence me rappelle "les mauvais jours", ceux que je voudrais effacer de cette histoire.
Mais je n'en parle pas, et je fais comme si ce n'était pas inespéré d´être là comme ça, comme si c'était normal que ce soit si normal.

"De quoi tu as peur?"

5.10.08

ode to my family



(c'est con, j'avais oublié que cette chanson me faisait pleurer)

2.10.08

witness



Depuis qu'on ne fait plus les montages au thé "mauvais temps" mais au vin et à la bière, on est peut-être moins efficaces, c'est vrai mais l'ambiance de ma cuisine encombrée en fin de soirée ressemble de plus en plus à quelque chose dont je rêvais. J'aime les débuts en amitié aussi, les petites phrases, les nouvelles choses qu'on peut se permettre. J'avais oublié ce que c'était de se coucher chaque soir épuisée mais avec le sentiment du devoir accompli, avec le sentiment de n'avoir pas perdu son temps. Je retrouve l'énergie de défendre, bec et ongles, mes envies et ma vision des choses. Et peu à peu ce défaut de ne jamais écouter ce qu'on me dit.

A passer des heures à scruter les gens qu'on filme, à sélectionner leurs sourires, leurs petites phrases, leurs regards.

Au bout du fil ma mère trouve que j'ai l'air d'aller bien, et je répète tout le temps que j'ai plein de choses à faire.

Alors il est tentant de vouloir avec J une soirée spéciale puisqu'elles se font (un peu) plus rares, d'exiger qu'il soit dans mon état d'excitation et d'euphorie presque pas démentie. Malheureusement les choses sont toujours un peu moins belles que ce que j'imagine. Heureusement les matins sont toujours beaucoup plus beaux que ce que j'espérais.

Depuis son retour mes impatiences se calment et tout est apaisé et doux. Je n'ai plus la tête à examiner chacun de ses regards, et je laisse passer ce qui pourrait me peiner (un rapprochement avec Ex, une soirée avec quelqu'un d'autre) parce que j'ai à peine le temps d'y penser qu'on est déjà passé à autre chose. Chaque soir je voudrais rentrer "à la maison" et lui amener ma journée et ma satisfaction, pourtant quand je m'endors seule chez moi c'est sans rancune.

Quand il débarque après quelques verres de vin un samedi soir, il s'excuse, il sourit, il fait n'importe quoi, il dit je t'aime et je ne le dirai plus. Deux fois.

Je suis bien ici et maintenant.

27.9.08

etienne is back

http://www.deezer.com/track/164575#

C'est un très joli mois de septembre, non?

19.9.08

modjo.

Je viens d'envoyer mes invitations sur f*acebook pour le documentaire. C'est parti, premier entretien cet après-midi et début du fameux "projet" qui devrait bien m'occuper jusqu'à Noël. Après 4h passées avec M. hier après-midi pour rédiger le texte et les questions, je me suis endormie toutes lumières allumées devant un film. Enfin le retour de la fatigue saine (intellectuelle ou presque et pas psychologique comme après 9h de boulot).

C'est très mignon tous ces papas qui apprennent à leurs enfants à marcher dans ce café, mais franchement, non en fait. Je me fais pour la Nième fois la promesse que si jamais un jour j'ai un gamin, jamais je ne m'en servirai comme d'un moyen de mise en valeur sociale. Jamais jamais. (j'ai vraiment du mal à supporter les mères qui collent leurs gamins sous le nez de n'importe qui et qui s'attendent à ce qu'on s'extasie). Vive les bobos.

Il m'est arrivé quelque chose qui m'arrivait tout le temps, avant. Un coup de foudre. A retardement puisque ça fait des mois qu'on bosse au même endroit. Persuadée l'espace d'une soirée (seule chez moi) que j'aurais pu passer ma vie entière avec lui. Juste à cause d'une silhouette dans un couloir sur fond de vitre embuée (décidemment, l'hiver...). J'adore. Il part 6 semaines loin, et je suis remplie de joie à l'idée de le revoir. Pour rien, et c'est ça qui est bien.

Je pense surtout que je vais forcer J à partir plus souvent. Parce que là je suis vraiment émue. Vive les mots à distance. Patience.

16.9.08

Le projet (manifeste hivernal)



L'automne est là, il fait gris, sec et froid; l'envie retrouvée de mettre le nez dehors. L'Alexanderplatz a repris des airs orientaux, vidée de ses touristes, des diverses foires qui l'ont enlaidie tout l'été. Le long du métro aérien, le vent s'engouffre dans les cols et sous les manches, je respire l'air de septembre, l'air de l'an passé; tout est (à nouveau) possible parce qu'un cycle complet s'est déjà accompli; voilà. J'ai des envies de ballades du dimanche matin, seule, mon inévitable "cafe to go" à la main.
Je ne crois pas que je pourrais être heureuse dans un pays où il ferait toujours beau. Le bonheur facile du soleil sur fond bleu, tout ça. C'est difficile d'être heureux quand tout le monde rayonne à la terrasse des cafés, il faut l'être plus que les autres, ou en même temps. Alors que se promener la mine réjouie quand les passants se pressent de rentrer chez eux...(un trésor, un secret, un paradoxe). C'est étrange, quand il fait gris, la nostalgie, la mélancolie, ça donne des couleurs pâles partout, pas comme sous le soleil où elles ont l'air maladives délavées par le soleil.

C'est peut-être pas si faux, je suis une fille de l'est. Il faisait froid le jour de mes plus beaux souvenirs.

Bref, sur mon banc, j'ai maintenant mes petites habitudes, et les oiseaux et moi on grelotte sous la lumière des débuts d'après-midi entre la chaleur artificielle et l'agitation du boulot et la linienstrasse perpétuellement en travaux. J'attends très patiemment le retour de J pour voir si on pourrait être heureux (si je pourrais être heureuse) cet automne (lui qui râle dès qu'il fait beau), et pour la première fois je rêve pour de vrai, il devient juste un personnage de plus, et ça me fait du bien parce que ça ne me fait plus mal. Et puis encore et toujours plein de souvenirs qui m'assaillent, que je laisse venir, c'est plus facile en hiver.

Je bouillonne complètement le reste du temps, à penser à ce film qui pourrait bien se faire finalement. J'avais oublié l'énergie qu'on trouve dans ce qui nous tient à coeur; et plus j'y pense plus il est évident que j'ai trouvé ce dont j'avais besoin. Le projet. Le projet n'est pas grand chose pour l'instant, à part l'idée de faire parler mes collègues devant une caméra, et de matérialiser cette mosaïque de visages, d'expériences, de parcours et d'histoires en 45 minutes. On doit commencer jeudi à filmer sans vraiment savoir ce que ça va donner, et j'ai peur tant qu'on n'y est pas que ça ne fasse pas. C'est marrant, avec cette fille que j'ai vue en tout et pour tout quelques heures, on est tombées d'accord sur le fait qu'on avait envie de s'investir dans quelque chose là tout de suite maintenant. J'ai commencé à démarcher les gens au boulot; avec mon adresse e-mail sur des bouts de papier, au hasard des pauses clopes et des rencontres dans le métro, il aura fallu ça pour que mon âme de communicante se réveille.., et ça fait plaisir de voir que ça résonne ailleurs que chez moi. Tout ça commence à prendre forme dans mon esprit, on verra bien, on verra...

(photo Leonard Freed, mon expo de dimanche)

13.9.08

Weekend without makeup

J'ai trouvé un parc et un banc pour mes pauses de midi; j'y regarde les moineaux se disputer les miettes de mon sandwich en me demandant si les oiseaux ont des amoureux. En arriver à ce genre de questionnement doit être un signe que mon esprit commence à s'apaiser. Depuis les changements au boulot, je redécouvre les vertus du sommeil. Avec huit heures de sommeil par nuit, les rêves reviennent, et j'ai l'impression qu'ils règlent pas mal de choses à mon insu. (au programme cette semaine : des morts, des accidents, des enfants, des retrouvailles avec des gens perdus de vue). Je ne sais pas depuis combien de temps je n'ai plus été aussi calme.

Il y a ce projet qui n'en est pas encore un qui m'obsède. Parce que j'espère avoir trouvé ce que je cherche depuis un an.

Il y a une phrase aussi qui s'incruste au milieu de l'absence. J'ai 23 ans. je veux une histoire. Je l'attends depuis trop longtemps et je crois que je la mérite.

10.9.08

(se sentir un peu la reine de la rue avec ça dans les oreilles)




Je déteste la vidéo mais je carbure aux Long Blondes depuis dix jours.

(Versant down : la chanson "Nostalgia" et son "I want to move into the future with you"...)

9.9.08

Tout ira bien, tu verras

3 jours à se jouer la comédie de l'abandon, la fébrilité, les pleurs d'énervement, la colère et les tentatives d'auto-calmage. En me rendant compte quand même compte parfois que j'étais ridicule. Mais comment arrêter d'avoir peur quand rien ne vient vous rassurer (et qu'au fond "tout" est possible).

Alors, j'avais laissé aller mon angoisse avant de partir pour cette soirée, de peur de la passer l'oeil rivé à mon portable. A 21h, déguisée en Sailor Moon (sic), je n'ai plus envie d'y aller. Je veux rester là sur mon canapé à pleurer nerveusement, à m'énerver en n'arrivant pas à pleurer. 3 jours sans nouvelles. J'ai fait l'erreur d'essayer d'appeler. Répondeur.

Et puis je croyais que je n'y arriverais pas, mais j'y suis allée.

Ce mec déguisé en femme, troublant, qui veut devenir pilote.

Cette fille qui voyage, seule, depuis cinq ans et qui va soigner sa dépression nerveuse en partant une semaine à Istanbul. "Tu veux venir?"
Cette autre fille avec qui je parle de faire un film, email griffonné sur mon paquet de tabac.
Celle qui boit trop et dont le mec, adorable, fait comme si c'était drôle, tout en essayant de la calmer.
Celui qui va partir s'installer en Californie, suivre une fille rencontrée à Berlin.
Celui qui arrive avec une trace rouge sous la narine droite.
Celui avec qui je ne sais pas s'il se passe quelque chose ou pas.

A. dont c'est l'anniversaire, perruque de Marie-Antoinette sur la tête, a surpris son mec la semaine dernière avec une fille qu'on connaît. C'est la fille en question qui est venue trouver A, après : on est ensemble depuis deux semaines. Les hommes sont lâches.

J'écoute, je parle, je bois, je ris, et je ne prononce pas le nom de J.

Je n'ai pas envie de rentrer seule,
je n'ai pas envie de rentrer seule.

Et puis à 4h il est trop tard, j'ai mal aux pieds, mes collants à paillettes sont filés, mon appareil photo est mort, j'ai deux trous dans les doigts sur le côté où mes clopes m'ont brûlée, et je sens qu'il faut que je parte sans attendre.

Dans les escaliers je parle sur un répondeur, quelque part dans Lille, et je ne trouve plus la touche effacer votre message.

...

Et puis enfin l'entendre après une journée de gueule de bois au bord de la crise de nerfs. S'excuser de ne pas avoir été joignable, apprendre qu'il m'a envoyé un message ce matin, que je n'ai pas reçu. ("c'est dommage, je disais plein de choses")

Relâcher la pression (sentir dans des moments comme ceux-là que je suis une vraie angoissée, à la respiration qui se fait plus facilement, aux douleurs qui disparaissent, à la douceur des draps dans lesquels je peux enfin me sentir bien)

Je suis une droguée du soulagement. Je crois que c'est la raison pour laquelle je m'inquiète autant, je ne vois que ça.

L'entendre répéter trois fois "n'aie pas peur". Juste savourer ses mots et sa voix, retrouver l'espoir de pouvoir vivre ces deux semaines d'absence sereinement, à faire ce que j'ai à faire.

Et puis fondre une fois la conversation terminée, fondre en m'étendant sur mon lit et dire quelque chose à voix haute, au lieu de me parler toute seule comme la nuit précédente.

Définitivement, quand je commence à parler toute seule, ou à m'adresser à ceux qui ne sont pas là, il faut que j'arrête de boire. J'ai bien fait de partir de la fête.

Finalement, sentir combien mes certitudes sont précaires, reconnaître que j'ai encore tellement peur.

...

Et dire qu'au boulot tout a changé. Après mes dix minutes de métro, j'arrive tranquillement (mais un peu en retard quand même, bien sûr) à midi dans les nouveaux locaux. Quand on fume une clope dehors, il y en a qui n'en reviennent pas encore d'avoir pu emmener leur gamin à l'école ce matin. On est tout sourire et ça fait du bien, et on n'arrête pas de répéter que c'est calme, que c'est génial, qu'on est même plus crevés. Plus tard avec P on a mangé dans le cimetière du haut de la rue, et on a vu des lièvres se cacher entre les tombes. Le soir, on joue au "baccalauréat mental" et on regarde de travers les blondasses du call center de la fenêtre d'en face. (parfois c'est vraiment comme une famille)

Elle rigolait pas, pour le film. Et moi non plus. On doit se voir demain pour parler de cette idée de documentaire sur des gens qui travailleraient quelque part dans Berlin dans un centre d'appel.

3.9.08

I was in full-time education when I got scared of the future

Tisane camomille-miel, lessive à la vanille, lemon curd, muesli, chocolat noir.
J'ai acheté des choses réconfortantes (des choses réconfortantes), comme pour refuser tout de suite de faire autre chose que me faire du bien.
C'est donc devant la vitrine qu'il m'a serrée dans ses bras, m'a dit de prendre soin de moi. A l'intérieur, il y avait S. et j'étais lasse d'avoir pensé le trouver seul. Il faudra un jour que je me demande si je me sens bien avec cette histoire de distance, de choses qu'il ne dira jamais, de ce qu'il ne veut pas partager avec moi, un jour où je serai moins fatiguée.
Je redoutais cette soirée d'hier parce qu'elle était la dernière avant trois semaines d'absence. Parce qu'il s'en va à un moment où ça ne va pas très bien entre nous. Parce que je suis une fois de plus dans une de mes périodes de creux. Parce que les phases se succèdent et qu'il a suffit de quelques soirées moins bien que les autres pour que je sente à nouveau le fossé entre lui et moi - entre moi et moi aussi, insensible aux mots, coincée dans mes pensées. Je pense à prendre la pilule pour ne plus avoir à supporter ces "bas" qui polluent les hauts, pour ne plus me sentir tomber tous les 28 jours. Accesoirement, ça m'évitera de fantasmer sur le fait de tomber enceinte accidentellement. En attendant, je mange du chocolat noir anti déprime en désespoir de cause.
Hier soir, ce fut donc une catastrophe en plusieurs actes avec larmes à tous les étages, à 19h30 je voulais partir, apprendre combien il est douloureux de quitter quelqu'un qu'on aime. A 20h, j'étais sûre que c'est lui qui allait abandonner. Je n'ai rien dit. C'était pire. Puis j'ai parlé. D'autre chose, de moi, comme je suis en ce moment
A 21h il m'a dit : tu fais peur. On dirait que tu fais exprès de faire peur aux gens.
(Pourtant mon sourire au travail ces temps-ci est inversement proportionnel à ce que je ressents.)
J'ai une peur bleue qu'il ne (me) revienne pas.
Je le sens dans la pression moins forte de ses bras autour de moi, je le sens dans sa façon de ne pas m'avoir dit une seule fois que j'allais lui manquer.
J'ai une peur bleue qu'il me quitte. De ne pas m'en remettre.
Puisque je ne sais plus ce qui ne va pas, si c'est à cause de lui, si j'exploite cette histoire au profit de ma petite névrose personnelle.
Alors je ne sais pas comment je vais vivre ces trois semaines. Avec une toute petite détermination, je me promets de ne pas rester seule ce week-end, je me promets d'appeler X ou Y pour qui je suis aux abonnés absents, je me promets de ne pas...je me promets d'aller bien. Je me raccroche aux branches.
Au téléphone, ma mère me dit : on ne peut jamais compter sur toi.




(you'll always have someone who'll drive you home
Yes, you'll always have someone, someone to drive you home.
Someone to drive you home.
(...)
I know I'll never have you completely alone)


Le pire, c'est que je sais que ça va me faire du bien qu'il ne soit pas là.

29.8.08

#20 noter

Ca ne m'était pas arrivé depuis longtemps d'arriver au boulot après 2h de sommeil et d'avoir envie de glousser aux remarques sur ma nuit qui a du être courte. Juste en savourant le contraste avec les matins où mes cernes masquaient des larmes plutôt que des étreintes/du vin/pas mal de jolies choses.
(Ce matin dans le train je dormais avec mon café à la main et un mec du travail qui passait par là m'a réveillée au terminus. Comme il y a des travaux à Potsdam et plus de tram, on a droit à un bus spécial travail, un bus de ramassage scolaire, c'est très spécial comme atmosphère, je dois dire que je ne déteste pas, un peu l'impression d'aller travailler à la mine en pleine nuit quand même, à cause des bus qui dans ma ville natale emmènent les ouvriers des 3-8 à l'usine; dans le bus les Italiennes se montrent des vidéos de leurs dernières virées en boîte)
On dirait pas comme ça mais il y a de plus en plus de gens que j'apprécie là-bas. Tant qu'on y est : l'équipe française va déménager, je vais travailler à 10 minutes de chez moi très bientôt. Plus de train, plus de réveil à 5h30. Et j'ai gagné le ticket d'or, trois jours de tranquilité absolue la semaine prochaine à tester le nouvel endroit. C'est bien la première fois que je suis presque gênée par les faveurs d'un de mes supérieurs (Gummibärchen-boy), qui m'a "choisie" pour cette délicate affaire. (tu parles)
Pendant ce temps, à Ladyland, D. raconte son histoire berlinoise ou comment elle a claqué la porte au nez la veille au salaud-type menteur infidèle immature. Me dit de me méfier, moi. Et j'entends rien, parce que je ne suis pas concernée.
De toute façon, J est étrange ces temps-ci, à accepter ma présence insistante, à la solliciter même en présence des autres. A se comporter normalement : comme un vendredi soir où je l'appelerais juste pour entendre sa voix, où il serait en train de boire un verre quelque part, où il me dirait avec qui parce que bien sûr je ne pose jamais la question, où je sentirais dans sa voix que tout va aussi bien que quand je l'ai laissé ce matin dans son lit, un oreiller sous ses cheveux doux et un autre serré contre lui. (comme toujours)
Chloé s'en va bientôt, D. aussi et finalement je ne l'ai vue qu'une fois en un an; je reste là, me sentant presque chez moi, dans la peau de celle qui commence à comprendre qu'elle ne rentrera pas.

27.8.08

#19 coincer





J'ai récupéré mon vélo cet après-midi et pour la première fois j'ai vu des endroits qui n'étaient que des stations de métro. Avec le vent qui séchait les gouttes de sueur dans mon cou. La dernière fois que je suis montée sur ce vélo, je crois bien que c'était le dernier soir à Strasbourg, quand je suis allée rendre les clés de mon appartement, après les adieux de Clément.
Sur le chemin, j'attendais le message qui demanderait pourquoi je pleurais quand je suis partie sur mon beau vélo rose rescapée d'une année dehors à Paris. (je ne sais pas)
Je mets sa patience à l'épreuve, sciemment.
Dans mes tentatives de l'inciter à s'ouvrir, je suis maladroite. A table, je me suis énervée pour la première fois, en découvrant au passage que je peux accepter beaucoup mais que quelque chose n'est pas négociable. J'ai besoin d'un soutien. Et je ne me laisserai pas me débattre dans mes envies, mes efforts, mes découragements et mes lubies alors que j'ai quelqu'un, là, près de moi prêt à me caresser les cheveux à la moindre larme. Prêt à rompre le silence et à céder quand c'est moi qui m'éclipse sur la terrasse. Près. Et loin.
Je voudrais qu'il ouvre la bouche.
(Je voudrais que tu arrêtes de te cacher.)

25.8.08

#18 lâcher (?)






En fait ce que j'aurais du faire ce matin, quand mon téléphone a sonné à 8h25, et que c'était la responsable RH, parce que j'avais 20 minutes de retard, c'est dire : FUCK YOU.

("l'esprit de l'escalier")

C'est marrant, je ne la connaissais pas cette expression. C'était sur une page de livre miniature à l'expo Barbara Bloom, hier.

J'ai beaucoup, beaucoup, beaucoup aimé. Et j'aime encore plus le fait qu'elle n'ait pas de site web, et qu'il soit impossible de trouver plus de trois photos de ses oeuvres sur le net.

(entre autres : épingler des phrases de Nabokov dans un cadre comme si c'était des papillons; collectionner les livres et les objets en braille; commercialiser une ligne d'objets avec partout son nom en feuilles d'or; créer des affiches absolument géniales.)

C'est bien la première fois que je visite une exposition dans laquelle je voudrais vivre.

Peut-être qu'il me suffirait de posséder cette affiche intitulée : Planned abandon.
(photo noir et blanc encadrée de vert d'eau, des personnages qui descendent d'un avion sur une piste d'atterissage : il me la faut, j'en ai même rêvé cette nuit).

23.8.08

#17 gâcher

Je me disais bien aussi. Fallait vraiment que (presque) tout aille bien pour que je me mette à devenir chiante. A débarquer avec ma mauvaise humeur alors qu'il était heureux de me voir, à m'énerver de ses blagues qui me font bien rire pourtant, d'habitude. A briser son enthousiasme en le repoussant, quand je le retrouve ce lendemain de fête, avec les mêmes fringues que la veille dans son appartement sans dessus dessous, forcément fatigué. Suspicieuse.

Chez lui, les dîners obéissent à certains rites. Faire la cuisine pendant des heures, s'attacher à ce que tout soit parfait. Je savais qu'il y aurait beaucoup de monde, je savais que je n'allais pas forcément me sentir à l'aise, mais après tout c'était la première fois qu'il m'invitait pour de bon.

Elle s'appelle K., 30 ans et des poussières, elle a tout vu tout lu tout vécu. Allemande, elle parle un français parfait après 15 ans passés à Paris. Déjà croisée dans une soirée, elle a l'air de bien m'aimer, tellement que ce sera elle, puisqu'il en faut une, qui dira "ça va pas, t'as l'air un peu tendue". Elle m'écrase.

J'ai conscience de n'être à la hauteur de rien en ce moment. En premier lieu de ce que j'attends de moi. Au milieu de tous ces gens, je me débats entre ma cigarette, mon verre de vin, l'envie de partir et celle de me retrouver dans les bras de J. Seuls.

Avec l'envie de lui dire qu'il n'a pas vu la meilleure partie. Que je vais la lui montrer. Mais quand?


!


//edit : comment mes lacunes en allemand commencent à (vraiment) me jouer des tours. Cet après-midi, restée seule chez J ac mon laptop, supposée "travailler", je suis interrompue en plein épisode 5.3 de The L Word par la sonnerie de son téléphone. Une voix féminine emplit la pièce via le répondeur : la fameuse K. 30 minutes plus tard, 3 coups de téléphone et beaucoup de larmes plus tard, J me force à réécouter son message. Pour me prouver que : 1) non elle ne le remerciait pas pour une "délicieuse" nuit mais pour l'avoir invitée à dîner l'autre soir; 2)il faut vraiment que je me mette à l'allemand. Je suis : ridicule (mais pardonnée). (n'empêche qu'elle m'énerve, celle-là)

Au passage : mais depuis quand je suis jalouse, MOI? (d'autant plus que le sujet ayant été mis à plat récemment, il semblerait bien que je sois bel et bien la seule à partager son lit depuis 9 mois)

20.8.08

#16 permettre

Il pleut sur berlin; c'est bien.

J'échaffaude des théories de conquête du monde dans les trains et des stratégies pour ne plus´dormir chaque soir . Je suis amoureuse. J'emprunte des livres; je fais découvrir hervé guibert à chloé. J'ai rappelé justin l'australien et promis d'être claire sur ma "situation". J'ai accepté des invitations et proposé des verres en terrasse. J'écris un peu. Je parle avec mon frère au téléphone. J'envisage sereinement la possibilité de quitter berlin (un jour) pour passer un diplôme quelconque en france - quitter berlin pour y revenir. J'espère des visites prochaines. Je mange des pains au chocolat aux galeries lafaye*te - c'est tellement classe. Je souris aux "dis donc, ca te réussit les vacances, tu as l'air super détendue"au boulot. J'ai décidé que je pouvais avoir un boulot de merde et être pleine d'espoir. J'ai décidé que je pouvais être dans l'incertitude et être déterminée. Je fais comme si je ne remarquais pas qu'on n'a encore jamais été aussi bien ensemble, fait comme si tous ces petits changements n'en étaient pas. J'ai réglé ma facture astronomique d'électricité, envoyé des fax, appelé partout, pris rendez-vous. "Je m'en occupe"; ca fait du bien. J'ai retrouvé mon appartement, retrouvé la lumière et l'eau chaude, et apprécié mes soirées canapé tisane, apprécié le calme, le fait d'être seule, d'autant plus qu'il se fait rare. D'autant plus que je ne l'appelle plus solitude.

Ca va. Très bien.

12.8.08

#15 boire

(elle était facile, celle-là)

Je suis bien. J dors pas loin, sur le futon parce que les lits sont trop "dramatiques". Je suis bien. La nuit de berlin tellement belle que je n'ai même pas besoin de sortir sur le balcon pour la sentir, cette ville un peu perdue pour moi déjà usée au bout d'un an, tellement que je rêve de New-York quand l'avion se pose ce soir, au milieu des turbulences qui empêchent les hôtesses de l'air de servir le café, les chips OU le balisto, dans l'avion pris trop souvent cette semaine parce que.

Je suis bien parce que je sais exactement, à l'instant présent, ce que je veux devenir, folle. Folle à parler avec lui de l'enfance et de fil en aiguille de comment il faut élever les enfants, folle de croire que ca n'éveille rien en moi cette conversation sur fond de Lovecats des Cure qui dit que l'argent n'est pas un obstacle, pour avoir des gamins. J'avais prévenu, j'ai un peu bu. (J'ai quelques jours de retard).

Cinglée de croire que ca mène à quelque chose, cette "nouvelle" vie que je me suis choisie, cette vie sans avenir, folle de voir à quel point je m'y habitue : plus d'études, plus d'avenir.Et puis quoi.

Folle de penser qu'un jour j'y arriverai, qu'un jour je trouverai. Folle de penser que je suis sur le chemin de quelque chose. Folle d'être persuadée pourtant que je ne cesserai jamais d'aimer ceux que j'aime en ce moment et depuis quelques années, qu'ils resteront là, qu'ils me pardonneront tout, folle de vouloir être restée cette gamine-là, folle de m'écarter, folle de bifurquer, folle de croire très fort que dans chaque chose banale il y a quelque chose d'exceptionnel

11.8.08

#15 taire

En me forçant un peu, je pourrais trouver les mots pour raconter l'ambiance plus retrouvailles qu'éplorations, pour dire l'étrangeté de tout ça, pour dire comment finalement ça fait quand même mal, pourquoi c'est impossible de ne pas pleurer, etc. Mais à quoi ça avancerait.

Je n'ai plus vraiment envie. De vouloir toujours tout formuler, expliquer, décrypter, comprendre, analyser.

Parce que, tant pis pour le cliché, c'est le genre de moment où un regard, une attitude, une ressemblance, (j'allais dire un "air de famille") vous en apprend plus que les mots. Et tant pis si les relations ne sont pas définies. Personne n'a envie d'être un point sur un schéma, une courbe sur un graphique ou une branche sur un arbre généalogique.

***

(Du côté de la joie, je pourrais aussi dire comment J et moi on a parlé d'avenir. Au milieu de plein d'indéfini.)

***

Je suis fière de nous.

9.8.08

#14 partir

Ma grand-mère est morte, et ce n'est pas un drame, pas une tragédie, c'est juste un peu de douleur égoiste d'avoir à regarder encore un peu d'enfance s'en aller. C'est juste encore un enterrement, un avion à prendre, et la voix de ma mère au téléphone.

Je ne suis rentrée chez moi qu'aujourd'hui, pour découvrir que je n'avais plus d'électricité. Le métro en sens inverse, les six étages : je suis repartie chez J. Ce n'est pas le moment de comprendre que, bientôt, il faudra arrêter de faire comme si.

5.8.08

#13 (un vieux truc)

(Un matin, je suis arrivée en retard au boulot, et on m’a demandé de chanter, en guise de gage.

Debout devant les autres, avec cette conscience du corps qui fait que vous ne le sentez pas. Je n’ai pas pu chanter. Je n’ai pas pu chanter “ma chanson préférée”( au royaume des salaires et des droits amputés les raccourcis vont bon train).

“Ma photo préférée” a été prise quand j’avais 4 ans. Je suis sur un petit vélo à roulettes, vêtue d’un horrible jogging vert, les cheveux déjà incoiffables. J’aimerais que pour toujours mon enfance me laisse ce goût-là, celui de la liberté du corps, celui des regards qui n’accrochent pas sur lui.

Une fois, quelqu’un qui voulait coucher avec moi m’a demandé quel rapport j’entretenais avec mon corps. Je venais de le rencontrer, il était sociologue ou du moins prétendait le devenir (le temps semble lui donner raison), j’étais littéraire tendance amoureuse échevelée, sa question m’a dérangée. Il trouvait que j’étais mal à l’aise, il avait raison, il disait on dirait que tu as peur de l’habiter, ce n’était pas faux. On a couché ensemble, il était impuissant, j’avais envie de lui, ce n’était pas mon “rapport au corps” qui posait problème.

Pourtant je me suis rendue compte que je ne pouvais pas chanter, là, devant les autres.

Que je ne pouvais pas donner ma voix, mes notes fausses.

J’ai vu un petit groupe de gens où chacun portait un mot, tous les mots formaient une phrase d’adieu. Un mec, face au groupe, riait en pleurant. Sur Videotape de Radiohead, c’était très beau de voir ca.

Voilà. C’était trop beau. C’était un clip esthétisant, c’était une scène de film, et moi : la spectatrice. Voilà : je ne touche pas. Je reste au bord. Je reste là et tout le monde bouge. Je regarde et je voudrais qu’on me dise : viens, viens dans notre image. Voilà : je ne touche pas, ne pas salir, ne pas être salie. Voilà : je ne parle pas, ne pas dévoiler, ne pas comprendre.
)


J'ai beau chercher, je ne vois que le mot d'inertie pour décrire l'état dans lequel je me trouve à chaque fois que je suis ici. Note pour plus tard : jamais, plus jamais plus de trois jours dans la maison familiale. Je citerais bien un peu de Barbara pour poétiser l'affaire, mais, vraiment, le coeur n'y est pas. (et voilà comment, sans que rien de particulier ne se passe, on ne peut même plus en appeler à la nostalgie)

4.8.08

#12 veiller

J'ai laissé passer le sommeil. Je regarde les photos de Lyon et j'aime bien ce qui s'en dégage. Cinq heures de train c'était pas si terrible, et puis j'ai eu le temps de lire de lire Technikart, la première partie des Mémoires d'une jeune fille rangée, et de somnoler (en bavant comme il se doit). J'ai même (un peu) écrit. J'ai même essayé d'appeler ce numéro que je ne compose pas depuis dix jours. Comme quoi, avec sa nouvelle coupe funky et son régime biba-aux-germes-d'avoine, avec sa galerie et ses débuts de roman, elle m'a donné envie. Pas forcément de manger des blancs de poulets matin midi soir, mais juste d'essayer, d'essayer de...de se tirer vers le haut. Soi- même. Vu que les autres, parfois, ils sont un peu décevants, un peu frustrants, un peu inquiétants, avec leurs déprimes, leurs blocages, leurs crises. C'est la nuit, j'ai le droit de tirer des conclusions par les cheveux d'un week-end simplement agréable, apaisant, réconfortant.

C'est la nuit, j'ai le temps. J'attrape la rêverie au passage d'un mail nocturne et doux-brumeux qui parle de peau et de vent.

31.7.08

#11 anticiper

Mes vacances ont commencé plus tôt que prévu. C'est le psychodrame quasi-permanent dans l'autre monde des "geoles potsdamo-capitalistes" comme dirait l'autre, c'est à dire mon travail; genre tu arrives exactement à l'heure (8:00) et on te renvoie chez toi parce qu'il faut arriver dix minutes avant, parce que la ligne ouvre à 8h pile et que bien sûr, tout le monde a la bonne idée d'appeler à 7h55. Rien ne fonctionne en fait, et ça commence à sentir le roussi pour la boîte qui nous embauche tous. Je ne nierai pas que je commence à me sentir assez passionnée par la façon dont se passe tout ça; je vais me mettre sérieusement à prendre des notes, je crois qu'il y a vraiment quelque chose à en faire. Par exemple, comment les "managers" (payés la même chose que nous ou presque mais avec plus de responsabilités) sont mis sous pression et en arrivent à dire aux gens qu'ils dirigent : je me fais engueuler tous les jours à cause de vos retards, sérieux j'en dors plus de la nuit. Comment faire culpabiliser ceux qui sont en bas de l'échelle (moi) par ce biais-là (c'était celui des gummibärchen, le "manager", et il avait l'air franchement d'un gars qui en dort plus de la nuit, voire qui va craquer très bientôt).
Bref.
Moi j'étais très contente de pouvoir rentrer chez moi, comme tous mes collègues d'ailleurs. Il faut que je m'achète un maillot de bain cet aprèm, en plus il fait extrêmement beau, je profite de ma dernière journée à Berlin avant une semaine en France, et il y a des marguerites coupées dans un verre à dent sur la table du café où je fais comme si j'allais bronzer.

29.7.08

#10 résumer

Je travaille trop, je suis fatiguée, plus que 2*9h avant mes vacances et Lyon, je n'ai pas vu J depuis jeudi soit presque une semaine, soit cinq jours seulement, je me fais du souci pour mon avenir, en fait pas tellement, et je n'ai toujours pas appelé la mère de Chloé qui me propose de piger sur un plateau d'argent...

(pensée récurrente du jour : je ferai tout et tout le reste aussi quand je ne travaillerai plus que 30h par semaine)

26.7.08

#9 relâcher

Je me suis rappelé d'un truc que j'avais complètement oublié : quand j'étais gamine, j'aimais tellement la cuisine de ma grand-mère (qui est objectivement une bonne cuisinière) que je me disais que ca pourrait toujours me consoler, au cas où. Le souvenir m'est revenu dans un très bon resto ici, et je ne savais plus très bien si j'avais besoin d'être consolée ou pas. Quand j'ai goûté la tarte au citron, quand j'ai bu ce vin qui sentait tellement la cave, j'ai cliqué sur la touche enregistrer de mon cerveau, pour immortaliser ce soir-là, la terrasse éclairée aux bougies sous les arbres, la main sur mon genou. Pendant ce temps-là, l'ami australien prenait des photos de J et moi. Les premières. Trop de bières, pas assez de sommeil, des larmes au réveil, dans le train, en arrivant au boulot. La dernière question à poser : ca va pas, tu as pleuré? (non, je lance une mode oeil de panda). Je ne voudrais pas être cette fille qui s'effondre un vendredi à 9h entre les casiers, devant l'un de ses supérieurs. Alors je suis allée fumer une clope, j'ai dit non je ne veux pas rentrer chez moi, j'ai fait mon boulot, je me suis concentrée sur autre chose. En essayant de me persuader que ca ne prouvait rien, c'était juste la fatigue.J'ai tenu ma promesse, je suis sortie le soir même, j'ai bu plein de bières avec chloé, avec ronan, avec arnau, il faisait chaud dans le local et l'air a commencé à entrer par la porte ouverte vers 4h30 du matin, c'était bien et le canapé était confortable, on écoutait du gainsbourg et je me suis endormie dans le métro. C'était deux soirées et une journée en mode montagne russe.


"singing sad sad songs"...

22.7.08

#8 réaliser

Avec chloé, après que j'ai tenté de faire une tarte provençale avec du pain turc en guise de pâte feuilletée, on est allées voir justin chanter dans une librairie de Friedrichshain. C'était juste à côté de La Maison, et derrière les échaffaudages on ne voit plus rien, j'ai quand même croisé quelques habitués du m*n*bar. C'est pas grave, avec justin l'écorché devant un drap blanc tendu sur les étagères de livres, on se serait cru à berlin. J'ai dit que bientôt j'aurai plus de temps et que je l'appelerai, à vrai dire j'en sais rien. Je me suis mise en arrêt maladie aujourd'hui et j'ai du aller chez le médecin dans mon quartier, c'était parfait, je suis arrivée pile pour la distribution de méthadone. (tous ces grands maigres abîmés qui avalent la petite fiole qu'ils n'ont pas le droit de faire sortir du cabinet du médecin, et qui disent merci).

21.7.08

#7 flotter

Ok. J'ai des papillons dans le ventre et le mec qui travaille en face de moi me fait remarquer que j'ai souri toute la journée. Il pleuvait et ça ne m'a même pas décoiffée, j'ai un nouveau lisseur de pouf et les cheveux raides, il paraît que ça me va bien, et quelqu'un au boulot a proposé de fonder un fan-club. (de moi, oui oui).
Non il ne se passe rien, assise sur les marches à fumer ma clope salvatrice je regarde le terrain vague où je bosse et les gros nuages gris, et je me sens tellement moins seule, je me shoote à ses mots, j'ai juste envie de regarder quelqu'un tomber amoureux de moi, que ça prenne du temps, plein.
Un des superviseurs, qui m'avait répondu super sèchement juste avant, est allé l'air de rien acheter des gummibärchen et les a déposés sur mon bureau en passant.
C'était une belle journée.

(summer in the city)

20.7.08

# 6 (en forme de bilan)

notre histoire est bancale, banale, notre histoire ne tient pas debout, je l'ai trouvé triste, notre histoire, je l'attends toujours, notre histoire. mais je l'aime bien, cette petite histoire qui est la nôtre. ça me brûlait la gorge : "est-ce que tu as quelqu'un d'autre que moi", même si je sais que oui, il fallait juste que je le dise, que je l'entende. finalement j'ai plus pleuré avant de poser la question qu'après. après j'aurais pu parler des heures une fois cette p*tain de question décoincée du travers de ma gorge. il dit oui les autres, mais c'est toi, il dit je voudrais qu'on dure un peu, et je sais ça paraît tellement facile écrit maintenant, tellement facile de dire des jolies choses après les trucs un peu moches. il faut juste qu'il ne se rende compte de rien, qu'il ne voie pas ses défenses tomber les unes après les autres. il dit ça fait bizarre ça fait peur de retrouver ces choses-là, de me sentir amoureux, entre guillemets. entre guillemets.

cet après-midi est à pierre blanche. je suis amoureuse et nosfell chante le mindala jinka que je me passais en perfusion quand je suis arrivée à berlin, que j'imagineais encore ma nouvelle vie, comment c'était de sentir l'inconnu partout. and spread it all over again.

j'ai super peur de m'approcher du 31 août, ce sera le premier anniversaire de berlin, du rêve, de l'illusion que partir c'est changer. il faudra faire un bilan et je m'apercevrai que je n'ai rien fait de ce que je voulais, que je n'ai rien accompli de ma mission, être heureuse ou quelque chose comme ça, découvrir des choses sur moi, me libérer de quelques trucs encombrants. rien n'arrive et tout arrive. je me souviens de benoît à berlin+30j qui me disait : rien ne se passera comme tu l'as prévu. evidemment. moi je me voyais bien papillonante, dans ma vie sociale trépidante et dans des projets irréalisables et exaltants. evidemment. me voila embarquée dans une histoire qui prendra du temps, avec un job qui me laisse tout juste le temps de dormir, plus perdue qu'avant, avec une vie/une personnalité à réinventer, avec du passé qui ne me sert plus à rien, dont je dois me détacher. avec une fille que je ne suis plus mais que je ne sais pas encore où caser.

aux moments critiques de ma mini-dépression collection printemps-hiver 07/08, cette fille je la voyais tout le temps, cette fille qui n'aurait jamais accepté ça, qui ne se serait pas laissé couler comme ça. hé, cette fille, elle n'existe plus, et depuis longtemps. j'ai du faire quelques mises à jour. ici, parce que c'était sans doute plus facile, loin de ceux qui me connaissent depuis des années. ça m'a forcé à m'arrêter. à recommencer depuis le début, à reprendre les choses de loin. dis, comment on se fait des amis. comment on fait pour ne pas pleurer le matin. comment on fait pour avoir envie. (j'ai su, même ici, les trois premiers mois et puis j'ai oublié).

le 31 août j'éviterai de faire un bilan parce qu'il sera loin d'être rose, je mettrai juste du nosfell à fond et je ferai comme si je venais juste d'arriver. tout est possible. je peux quitter J et envoyer mon nouveau contrat au boulot (30h) se faire voir ailleurs, je peux déménager et vivre comme une étudiante erasmus. je peux passer mes nuits en boîte à m'envoyer des grands blonds qui ressembleraient à oliver. je peux retourner à la fac et commencer une thèse que je ne finirai jamais. ou faire un peu tout ça à la fois. c'est très confus, encore, les projets, l'avenir, prévoir. j'ai toujours su que j'étais pas près de le savoir de toute façon, mais personne ne me croyait. ça me va. je me laisse porter. sans angoisse, si possible. avec pas grand chose de sûr, avec pas grand chose de vraiment à moi finalement. mais ma petite histoire, je l'aime bien quand même. d'ailleurs, c'est marrant comme devant cette copine de lycée la semaine dernière c'était facile de retrouver la fille que j'étais à 17 ans. comme c'était facile de lui/me prouver que c'était moi qui était la plus enviable. comme toute est une question de point de vue, je vais aller m'acheter des lunettes noires de star.

15.7.08

#4 dormir (?)



Hier je suis rentrée dans le couloir du boulot avec ma clope, il était 8h02 et il a fallu 4 secondes pour que mon cerveau fasse la connexion avec la voix qui disait "hé toi là bas, mais qu'est-ce que tu fais?" (le grand chef en l'occurence, traduction approximative de l'américain made in je suis un allemand qui bosse pour une multinationale). En même temps, je jure, je m'étais rendue compte de rien, non plus quand ma tête a glissé sur la vitre du tram et que j'ai cru que ma dernière heure était arrivée (une fois de plus) juste parce que j'avais mal dans l'épaule gauche et que ça descendait dans le bras - tout le monde sait que c'est un signe avant-coureur d'un infarctus. C'était la lanière de mon sac. Je me cogne aux portes, c'est trop bien je suis transparente de fatigue, je suis : une héroine du quotidien.
Après on m'a dit : on va faire un deal, je te donne 100 euros et toi tu viens faire 15h de plus par semaine, facile, qu'en penses-tu? ... 42+12=57, même en Pologne ou en Roumanie ou en Inde, même pour des esclaves modernes, donc non, non merci, j'ai hésité un moment, et si je me suicidais pour la cause de la vente de billets d'avion, en fait, non. Alors "on" va perdre le contrat, EJ ira exploiter des jeunes gens plein d'avenir ailleurs, dans des pays où on ne dort jamais, nous allons tous perdre notre travail, tout sera de ma faute, juste parce que ça me fait flipper de connaître maintenant très exactement à partir de combien de cafés je tremble, à partir de combien d'heures j'ai les oreilles qui bourdonnent la nuit.

Ca devient complètement fou et quand j'arrive à sauver du temps de cerveau disponible je me dis qu'il y a matière à un bon article, à une enquête, voire, soyons fous, à une grève géante où on brancherait tous nos téléphones sur répondeur option "Enjoy the silence" by Terri Amos, on fumerait plein de clopes DEHORS et on squatterait 1h entière à la cantine que je n'ai jamais vue plus de 16 minutes d'affilée, et surtout, surtout, on corrigerait au marqueur noir cette pu*ain de faute qui s'étale en grosses lettres sur les murs orange : "passionné" (sic).

Mais c'est toujours la même histoire de lutte entre mon réveil et la tentation de la douceur à côté de moi certains matins, les larmes aux yeux à cause de la fatigue qui fait dire je reviendrai pas demain, et puis finalement, si, parce que what else? les quelques phrases entre deux portes qui font penser qu'il faudrait continuer la discussion avec lui, aller boire un café avec elle, fumer une clope sur un bout de trottoir avec un autre.

J'ai croisé quelqu'un qui connaît B. par exemple. Et j'ai envie de voir B. maintenant.

...

Il reste le dimanche. Le dimanche de la fête française quelque part dans Berlin, je me suis assise par terre avec lui et devant le spectacle de la beauferie expatriée on a fait ce qu'on préfère : râler. Râler avec le sourire, un verre de Kro (oui, carrément) dans la main, un dimanche après-midi, et dire "nous", ça c'est du romantisme. Je crois que c'est pour ça que les histoires "compliquées" ont été inventées, pour que les choses les plus banales du monde deviennent de petits miracles.

...

J'ai laissé traîner une feuille sur laquelle j'avais gribouillé ce qui me passait par la tête un autre dimanche. La feuille m'attendait, pliée en deux, hier soir, et je l'ai déchirée en petits morceaux avant de la jeter pour éviter d'être obligée de la relire. La feuille qui traînait sous le lit de celui dont elle parlait. Je ne suis pas morte de honte, je suis trop fatiguée pour ça, et, aux dernières nouvelles, l'intéressé n'a pas encore pris la fuite. Ce qui ne veut pas dire que je ne me sens pas horriblement mal. (j'ai beau chercher, je ne me souviens pas de ce qui me passait ce jour là par la tête mais aucun doute, le fait que quelqu'un lise ce que j'écris sur des feuilles volantes couchée un dimanche matin relève du cauchemar quoi qu'il en soit).

...

Dans exactement 15 jours je vais à Lyon pour la première fois de ma vie et je suis très contente.

(il faut que je dorme)

10.7.08

#3 passer




Gros bordel dans ma tête comme dans ce clip, trop d'images et étourdissement? Il y a des phrases qui peuvent me faire pleurer un soir et me laisser froide le lendemain, comme (au hasard, totalement) "je suis ailleurs, je suis out de tout ça, j'en ai fini avec ça", ça m'apprendra à jouer à la fille "faut qu'on parle". Et évidemment je déteste avoir ce rôle-là, juste parce qu'il est encore plus autiste que moi. M'enfin. Rien n'est grave. Rien n'est pour de vrai, et tout ça.
Parler, on n'a fait que ça un vendredi soir de retrouvailles fifilles et ça avait le goût de...un goût bizarre de "et si j'étais restée", et si je ne devais pas attendre 6 mois pour une petite soirée pour le vin pour les débriefs pour que ce soit comme avant. J'ai pensé à Strasbourg dans le train du retour, et ça m'a fait bizarre que maintenant on puisse compter les années.
Reste que ces trois jours de retour en Lorraine ont eu l'effet escompté, même si j'avais promis que rien ne ruinerait mes efforts des trois semaines précédentes (à savoir essayer la positive attitude -d'ailleurs c'est la raison du "affirmativaction" là, en haut, genre discrimination assumée des idées noires ou un truc aussi naze que ça). Mais bon. J'ai quand même été super forte dimanche pour les grandes réjouissances familiales, planquée derrière un appareil photo, et c'était même presque agréable de revoir tout ce petit monde après six mois.
Sauf que ma ville natale pue la mort, là où aucun bar- ou même un café, ou même repaire d'alcoolos- n'est ouvert le dimanche soir. Alors avec R. (ex-amour de ma vie/ami d'enfance/hypothétique mari et père de mes enfants) on s'est retrouvés dans la cuisine de ma mère, comme au bon vieux temps. Il va super bien, il est amoureux et je suis heureuse pour lui. Moi j'ai pleuré d'un coup en prononçant le nom de J., et vraiment je ne m'y attendais pas. Pour une fois, ça n'a pas provoqué les sarcasmes de R. Et c'est bien le problème. En fait, c'est pas drôle d'être à la ramasse, même si je peux faire plein de blagues sur le bordel de ma vie.
En passant devant mon lycée j'ai tourné la tête, déjà suffisamment d'images - je suis assaillie.

1.7.08

#2 travailler



Postdam Hauptbahnof-Alexanderplatz : 17h20, 18h20, 19h20, 20h20. Les jours où je cours vers le tram pour sauter dans le train "rapide", pressée de rentrer, attendue. Les jours où je le laisse passer, pour la solution de rechange, 45 minutes de S-Bahn, 10 arrêts, la tête contre la vitre, un coup de soleil sur l'épaule à l'arrivée.
J'ai tellement fait le trajet boulot-gare, à Potsdam, que marcher dans la ville est incongru. La prendre en photo encore plus.

Le matin, NTM pour arriver prête à en découdre. Surtout un lundi quand on découvre ca en arrivant, le standard prêt à exploser à 8h03.

Le soir, je m'endors pour de vrai vautrée dans le train, le volume au maximum pourtant et des petites vieilles me réveillent au terminus.

29.6.08

#1 reprendre

J'aime les recommencements, j'aime les brouillons, j'aime relire des livres déjà lus cinquante fois. Dans ma boîte aux lettres lundi, il y avait Les Enfants du jeudi. Introuvable, trouvé. Le livre lu au moins une fois par an depuis au moins dix ans. Merci Judith. Pour m'avoir permis de retrouver les heures où je l'avais déjà lu, ces dernières années. Dans une maison en Bretagne, au coin du feu, en mode chagrin d'amour collégien. Sur une plage, couverte de crème solaire et de sable qui pique. Le livre que j'avais peur de voler à la biblio : si je le perds, je ne pourrai plus jamais le retrouver. On retrouve tout finalement, en cherchant bien. Les livres ne disparaissent pas comme ca, les années non plus. Dont acte.
Récemment, avec Crystal et Doone, avec amie et néanmoins ex-coloc au bout du fil, avec amie ex-future-coloc, je me suis retrouvée, moi, différente, un peu, partie, plus loin, certes.

Reveillée avec la sale impression de m'être laissée aller trop loin, avec le souvenir des matins ambiance "ce n'est pas moi dans la glace".

Il y a des mots qui prennent leur sens seulement dans la bouche des autres, des choses qu'on peut formuler en pensée mais qui ne vous atteignent que lorsqu'on vous le dit. Par exemple : oui, cette mini-dépression, j'en avais besoin. Evident, élémentaire, je n'étais pas la dernière à dire qu'à Berlin tout pouvait arriver. Tomber ou se réveiller. Dans cet ordre, donc.

J'arrive au bout d'une période qui commence seulement à vouloir dire quelque chose pour moi. Donc une nouvelle maison virtuelle, sans initiales, sans self-private-jokes, avec de ma vie dedans, tant qu'à faire.