9.9.08

Tout ira bien, tu verras

3 jours à se jouer la comédie de l'abandon, la fébrilité, les pleurs d'énervement, la colère et les tentatives d'auto-calmage. En me rendant compte quand même compte parfois que j'étais ridicule. Mais comment arrêter d'avoir peur quand rien ne vient vous rassurer (et qu'au fond "tout" est possible).

Alors, j'avais laissé aller mon angoisse avant de partir pour cette soirée, de peur de la passer l'oeil rivé à mon portable. A 21h, déguisée en Sailor Moon (sic), je n'ai plus envie d'y aller. Je veux rester là sur mon canapé à pleurer nerveusement, à m'énerver en n'arrivant pas à pleurer. 3 jours sans nouvelles. J'ai fait l'erreur d'essayer d'appeler. Répondeur.

Et puis je croyais que je n'y arriverais pas, mais j'y suis allée.

Ce mec déguisé en femme, troublant, qui veut devenir pilote.

Cette fille qui voyage, seule, depuis cinq ans et qui va soigner sa dépression nerveuse en partant une semaine à Istanbul. "Tu veux venir?"
Cette autre fille avec qui je parle de faire un film, email griffonné sur mon paquet de tabac.
Celle qui boit trop et dont le mec, adorable, fait comme si c'était drôle, tout en essayant de la calmer.
Celui qui va partir s'installer en Californie, suivre une fille rencontrée à Berlin.
Celui qui arrive avec une trace rouge sous la narine droite.
Celui avec qui je ne sais pas s'il se passe quelque chose ou pas.

A. dont c'est l'anniversaire, perruque de Marie-Antoinette sur la tête, a surpris son mec la semaine dernière avec une fille qu'on connaît. C'est la fille en question qui est venue trouver A, après : on est ensemble depuis deux semaines. Les hommes sont lâches.

J'écoute, je parle, je bois, je ris, et je ne prononce pas le nom de J.

Je n'ai pas envie de rentrer seule,
je n'ai pas envie de rentrer seule.

Et puis à 4h il est trop tard, j'ai mal aux pieds, mes collants à paillettes sont filés, mon appareil photo est mort, j'ai deux trous dans les doigts sur le côté où mes clopes m'ont brûlée, et je sens qu'il faut que je parte sans attendre.

Dans les escaliers je parle sur un répondeur, quelque part dans Lille, et je ne trouve plus la touche effacer votre message.

...

Et puis enfin l'entendre après une journée de gueule de bois au bord de la crise de nerfs. S'excuser de ne pas avoir été joignable, apprendre qu'il m'a envoyé un message ce matin, que je n'ai pas reçu. ("c'est dommage, je disais plein de choses")

Relâcher la pression (sentir dans des moments comme ceux-là que je suis une vraie angoissée, à la respiration qui se fait plus facilement, aux douleurs qui disparaissent, à la douceur des draps dans lesquels je peux enfin me sentir bien)

Je suis une droguée du soulagement. Je crois que c'est la raison pour laquelle je m'inquiète autant, je ne vois que ça.

L'entendre répéter trois fois "n'aie pas peur". Juste savourer ses mots et sa voix, retrouver l'espoir de pouvoir vivre ces deux semaines d'absence sereinement, à faire ce que j'ai à faire.

Et puis fondre une fois la conversation terminée, fondre en m'étendant sur mon lit et dire quelque chose à voix haute, au lieu de me parler toute seule comme la nuit précédente.

Définitivement, quand je commence à parler toute seule, ou à m'adresser à ceux qui ne sont pas là, il faut que j'arrête de boire. J'ai bien fait de partir de la fête.

Finalement, sentir combien mes certitudes sont précaires, reconnaître que j'ai encore tellement peur.

...

Et dire qu'au boulot tout a changé. Après mes dix minutes de métro, j'arrive tranquillement (mais un peu en retard quand même, bien sûr) à midi dans les nouveaux locaux. Quand on fume une clope dehors, il y en a qui n'en reviennent pas encore d'avoir pu emmener leur gamin à l'école ce matin. On est tout sourire et ça fait du bien, et on n'arrête pas de répéter que c'est calme, que c'est génial, qu'on est même plus crevés. Plus tard avec P on a mangé dans le cimetière du haut de la rue, et on a vu des lièvres se cacher entre les tombes. Le soir, on joue au "baccalauréat mental" et on regarde de travers les blondasses du call center de la fenêtre d'en face. (parfois c'est vraiment comme une famille)

Elle rigolait pas, pour le film. Et moi non plus. On doit se voir demain pour parler de cette idée de documentaire sur des gens qui travailleraient quelque part dans Berlin dans un centre d'appel.

1 commentaire:

marjorie a dit…

Je me retrouve un peu dans tes mots.
C'est rassurant.