31.7.08

#11 anticiper

Mes vacances ont commencé plus tôt que prévu. C'est le psychodrame quasi-permanent dans l'autre monde des "geoles potsdamo-capitalistes" comme dirait l'autre, c'est à dire mon travail; genre tu arrives exactement à l'heure (8:00) et on te renvoie chez toi parce qu'il faut arriver dix minutes avant, parce que la ligne ouvre à 8h pile et que bien sûr, tout le monde a la bonne idée d'appeler à 7h55. Rien ne fonctionne en fait, et ça commence à sentir le roussi pour la boîte qui nous embauche tous. Je ne nierai pas que je commence à me sentir assez passionnée par la façon dont se passe tout ça; je vais me mettre sérieusement à prendre des notes, je crois qu'il y a vraiment quelque chose à en faire. Par exemple, comment les "managers" (payés la même chose que nous ou presque mais avec plus de responsabilités) sont mis sous pression et en arrivent à dire aux gens qu'ils dirigent : je me fais engueuler tous les jours à cause de vos retards, sérieux j'en dors plus de la nuit. Comment faire culpabiliser ceux qui sont en bas de l'échelle (moi) par ce biais-là (c'était celui des gummibärchen, le "manager", et il avait l'air franchement d'un gars qui en dort plus de la nuit, voire qui va craquer très bientôt).
Bref.
Moi j'étais très contente de pouvoir rentrer chez moi, comme tous mes collègues d'ailleurs. Il faut que je m'achète un maillot de bain cet aprèm, en plus il fait extrêmement beau, je profite de ma dernière journée à Berlin avant une semaine en France, et il y a des marguerites coupées dans un verre à dent sur la table du café où je fais comme si j'allais bronzer.

29.7.08

#10 résumer

Je travaille trop, je suis fatiguée, plus que 2*9h avant mes vacances et Lyon, je n'ai pas vu J depuis jeudi soit presque une semaine, soit cinq jours seulement, je me fais du souci pour mon avenir, en fait pas tellement, et je n'ai toujours pas appelé la mère de Chloé qui me propose de piger sur un plateau d'argent...

(pensée récurrente du jour : je ferai tout et tout le reste aussi quand je ne travaillerai plus que 30h par semaine)

26.7.08

#9 relâcher

Je me suis rappelé d'un truc que j'avais complètement oublié : quand j'étais gamine, j'aimais tellement la cuisine de ma grand-mère (qui est objectivement une bonne cuisinière) que je me disais que ca pourrait toujours me consoler, au cas où. Le souvenir m'est revenu dans un très bon resto ici, et je ne savais plus très bien si j'avais besoin d'être consolée ou pas. Quand j'ai goûté la tarte au citron, quand j'ai bu ce vin qui sentait tellement la cave, j'ai cliqué sur la touche enregistrer de mon cerveau, pour immortaliser ce soir-là, la terrasse éclairée aux bougies sous les arbres, la main sur mon genou. Pendant ce temps-là, l'ami australien prenait des photos de J et moi. Les premières. Trop de bières, pas assez de sommeil, des larmes au réveil, dans le train, en arrivant au boulot. La dernière question à poser : ca va pas, tu as pleuré? (non, je lance une mode oeil de panda). Je ne voudrais pas être cette fille qui s'effondre un vendredi à 9h entre les casiers, devant l'un de ses supérieurs. Alors je suis allée fumer une clope, j'ai dit non je ne veux pas rentrer chez moi, j'ai fait mon boulot, je me suis concentrée sur autre chose. En essayant de me persuader que ca ne prouvait rien, c'était juste la fatigue.J'ai tenu ma promesse, je suis sortie le soir même, j'ai bu plein de bières avec chloé, avec ronan, avec arnau, il faisait chaud dans le local et l'air a commencé à entrer par la porte ouverte vers 4h30 du matin, c'était bien et le canapé était confortable, on écoutait du gainsbourg et je me suis endormie dans le métro. C'était deux soirées et une journée en mode montagne russe.


"singing sad sad songs"...

22.7.08

#8 réaliser

Avec chloé, après que j'ai tenté de faire une tarte provençale avec du pain turc en guise de pâte feuilletée, on est allées voir justin chanter dans une librairie de Friedrichshain. C'était juste à côté de La Maison, et derrière les échaffaudages on ne voit plus rien, j'ai quand même croisé quelques habitués du m*n*bar. C'est pas grave, avec justin l'écorché devant un drap blanc tendu sur les étagères de livres, on se serait cru à berlin. J'ai dit que bientôt j'aurai plus de temps et que je l'appelerai, à vrai dire j'en sais rien. Je me suis mise en arrêt maladie aujourd'hui et j'ai du aller chez le médecin dans mon quartier, c'était parfait, je suis arrivée pile pour la distribution de méthadone. (tous ces grands maigres abîmés qui avalent la petite fiole qu'ils n'ont pas le droit de faire sortir du cabinet du médecin, et qui disent merci).

21.7.08

#7 flotter

Ok. J'ai des papillons dans le ventre et le mec qui travaille en face de moi me fait remarquer que j'ai souri toute la journée. Il pleuvait et ça ne m'a même pas décoiffée, j'ai un nouveau lisseur de pouf et les cheveux raides, il paraît que ça me va bien, et quelqu'un au boulot a proposé de fonder un fan-club. (de moi, oui oui).
Non il ne se passe rien, assise sur les marches à fumer ma clope salvatrice je regarde le terrain vague où je bosse et les gros nuages gris, et je me sens tellement moins seule, je me shoote à ses mots, j'ai juste envie de regarder quelqu'un tomber amoureux de moi, que ça prenne du temps, plein.
Un des superviseurs, qui m'avait répondu super sèchement juste avant, est allé l'air de rien acheter des gummibärchen et les a déposés sur mon bureau en passant.
C'était une belle journée.

(summer in the city)

20.7.08

# 6 (en forme de bilan)

notre histoire est bancale, banale, notre histoire ne tient pas debout, je l'ai trouvé triste, notre histoire, je l'attends toujours, notre histoire. mais je l'aime bien, cette petite histoire qui est la nôtre. ça me brûlait la gorge : "est-ce que tu as quelqu'un d'autre que moi", même si je sais que oui, il fallait juste que je le dise, que je l'entende. finalement j'ai plus pleuré avant de poser la question qu'après. après j'aurais pu parler des heures une fois cette p*tain de question décoincée du travers de ma gorge. il dit oui les autres, mais c'est toi, il dit je voudrais qu'on dure un peu, et je sais ça paraît tellement facile écrit maintenant, tellement facile de dire des jolies choses après les trucs un peu moches. il faut juste qu'il ne se rende compte de rien, qu'il ne voie pas ses défenses tomber les unes après les autres. il dit ça fait bizarre ça fait peur de retrouver ces choses-là, de me sentir amoureux, entre guillemets. entre guillemets.

cet après-midi est à pierre blanche. je suis amoureuse et nosfell chante le mindala jinka que je me passais en perfusion quand je suis arrivée à berlin, que j'imagineais encore ma nouvelle vie, comment c'était de sentir l'inconnu partout. and spread it all over again.

j'ai super peur de m'approcher du 31 août, ce sera le premier anniversaire de berlin, du rêve, de l'illusion que partir c'est changer. il faudra faire un bilan et je m'apercevrai que je n'ai rien fait de ce que je voulais, que je n'ai rien accompli de ma mission, être heureuse ou quelque chose comme ça, découvrir des choses sur moi, me libérer de quelques trucs encombrants. rien n'arrive et tout arrive. je me souviens de benoît à berlin+30j qui me disait : rien ne se passera comme tu l'as prévu. evidemment. moi je me voyais bien papillonante, dans ma vie sociale trépidante et dans des projets irréalisables et exaltants. evidemment. me voila embarquée dans une histoire qui prendra du temps, avec un job qui me laisse tout juste le temps de dormir, plus perdue qu'avant, avec une vie/une personnalité à réinventer, avec du passé qui ne me sert plus à rien, dont je dois me détacher. avec une fille que je ne suis plus mais que je ne sais pas encore où caser.

aux moments critiques de ma mini-dépression collection printemps-hiver 07/08, cette fille je la voyais tout le temps, cette fille qui n'aurait jamais accepté ça, qui ne se serait pas laissé couler comme ça. hé, cette fille, elle n'existe plus, et depuis longtemps. j'ai du faire quelques mises à jour. ici, parce que c'était sans doute plus facile, loin de ceux qui me connaissent depuis des années. ça m'a forcé à m'arrêter. à recommencer depuis le début, à reprendre les choses de loin. dis, comment on se fait des amis. comment on fait pour ne pas pleurer le matin. comment on fait pour avoir envie. (j'ai su, même ici, les trois premiers mois et puis j'ai oublié).

le 31 août j'éviterai de faire un bilan parce qu'il sera loin d'être rose, je mettrai juste du nosfell à fond et je ferai comme si je venais juste d'arriver. tout est possible. je peux quitter J et envoyer mon nouveau contrat au boulot (30h) se faire voir ailleurs, je peux déménager et vivre comme une étudiante erasmus. je peux passer mes nuits en boîte à m'envoyer des grands blonds qui ressembleraient à oliver. je peux retourner à la fac et commencer une thèse que je ne finirai jamais. ou faire un peu tout ça à la fois. c'est très confus, encore, les projets, l'avenir, prévoir. j'ai toujours su que j'étais pas près de le savoir de toute façon, mais personne ne me croyait. ça me va. je me laisse porter. sans angoisse, si possible. avec pas grand chose de sûr, avec pas grand chose de vraiment à moi finalement. mais ma petite histoire, je l'aime bien quand même. d'ailleurs, c'est marrant comme devant cette copine de lycée la semaine dernière c'était facile de retrouver la fille que j'étais à 17 ans. comme c'était facile de lui/me prouver que c'était moi qui était la plus enviable. comme toute est une question de point de vue, je vais aller m'acheter des lunettes noires de star.

15.7.08

#4 dormir (?)



Hier je suis rentrée dans le couloir du boulot avec ma clope, il était 8h02 et il a fallu 4 secondes pour que mon cerveau fasse la connexion avec la voix qui disait "hé toi là bas, mais qu'est-ce que tu fais?" (le grand chef en l'occurence, traduction approximative de l'américain made in je suis un allemand qui bosse pour une multinationale). En même temps, je jure, je m'étais rendue compte de rien, non plus quand ma tête a glissé sur la vitre du tram et que j'ai cru que ma dernière heure était arrivée (une fois de plus) juste parce que j'avais mal dans l'épaule gauche et que ça descendait dans le bras - tout le monde sait que c'est un signe avant-coureur d'un infarctus. C'était la lanière de mon sac. Je me cogne aux portes, c'est trop bien je suis transparente de fatigue, je suis : une héroine du quotidien.
Après on m'a dit : on va faire un deal, je te donne 100 euros et toi tu viens faire 15h de plus par semaine, facile, qu'en penses-tu? ... 42+12=57, même en Pologne ou en Roumanie ou en Inde, même pour des esclaves modernes, donc non, non merci, j'ai hésité un moment, et si je me suicidais pour la cause de la vente de billets d'avion, en fait, non. Alors "on" va perdre le contrat, EJ ira exploiter des jeunes gens plein d'avenir ailleurs, dans des pays où on ne dort jamais, nous allons tous perdre notre travail, tout sera de ma faute, juste parce que ça me fait flipper de connaître maintenant très exactement à partir de combien de cafés je tremble, à partir de combien d'heures j'ai les oreilles qui bourdonnent la nuit.

Ca devient complètement fou et quand j'arrive à sauver du temps de cerveau disponible je me dis qu'il y a matière à un bon article, à une enquête, voire, soyons fous, à une grève géante où on brancherait tous nos téléphones sur répondeur option "Enjoy the silence" by Terri Amos, on fumerait plein de clopes DEHORS et on squatterait 1h entière à la cantine que je n'ai jamais vue plus de 16 minutes d'affilée, et surtout, surtout, on corrigerait au marqueur noir cette pu*ain de faute qui s'étale en grosses lettres sur les murs orange : "passionné" (sic).

Mais c'est toujours la même histoire de lutte entre mon réveil et la tentation de la douceur à côté de moi certains matins, les larmes aux yeux à cause de la fatigue qui fait dire je reviendrai pas demain, et puis finalement, si, parce que what else? les quelques phrases entre deux portes qui font penser qu'il faudrait continuer la discussion avec lui, aller boire un café avec elle, fumer une clope sur un bout de trottoir avec un autre.

J'ai croisé quelqu'un qui connaît B. par exemple. Et j'ai envie de voir B. maintenant.

...

Il reste le dimanche. Le dimanche de la fête française quelque part dans Berlin, je me suis assise par terre avec lui et devant le spectacle de la beauferie expatriée on a fait ce qu'on préfère : râler. Râler avec le sourire, un verre de Kro (oui, carrément) dans la main, un dimanche après-midi, et dire "nous", ça c'est du romantisme. Je crois que c'est pour ça que les histoires "compliquées" ont été inventées, pour que les choses les plus banales du monde deviennent de petits miracles.

...

J'ai laissé traîner une feuille sur laquelle j'avais gribouillé ce qui me passait par la tête un autre dimanche. La feuille m'attendait, pliée en deux, hier soir, et je l'ai déchirée en petits morceaux avant de la jeter pour éviter d'être obligée de la relire. La feuille qui traînait sous le lit de celui dont elle parlait. Je ne suis pas morte de honte, je suis trop fatiguée pour ça, et, aux dernières nouvelles, l'intéressé n'a pas encore pris la fuite. Ce qui ne veut pas dire que je ne me sens pas horriblement mal. (j'ai beau chercher, je ne me souviens pas de ce qui me passait ce jour là par la tête mais aucun doute, le fait que quelqu'un lise ce que j'écris sur des feuilles volantes couchée un dimanche matin relève du cauchemar quoi qu'il en soit).

...

Dans exactement 15 jours je vais à Lyon pour la première fois de ma vie et je suis très contente.

(il faut que je dorme)

10.7.08

#3 passer




Gros bordel dans ma tête comme dans ce clip, trop d'images et étourdissement? Il y a des phrases qui peuvent me faire pleurer un soir et me laisser froide le lendemain, comme (au hasard, totalement) "je suis ailleurs, je suis out de tout ça, j'en ai fini avec ça", ça m'apprendra à jouer à la fille "faut qu'on parle". Et évidemment je déteste avoir ce rôle-là, juste parce qu'il est encore plus autiste que moi. M'enfin. Rien n'est grave. Rien n'est pour de vrai, et tout ça.
Parler, on n'a fait que ça un vendredi soir de retrouvailles fifilles et ça avait le goût de...un goût bizarre de "et si j'étais restée", et si je ne devais pas attendre 6 mois pour une petite soirée pour le vin pour les débriefs pour que ce soit comme avant. J'ai pensé à Strasbourg dans le train du retour, et ça m'a fait bizarre que maintenant on puisse compter les années.
Reste que ces trois jours de retour en Lorraine ont eu l'effet escompté, même si j'avais promis que rien ne ruinerait mes efforts des trois semaines précédentes (à savoir essayer la positive attitude -d'ailleurs c'est la raison du "affirmativaction" là, en haut, genre discrimination assumée des idées noires ou un truc aussi naze que ça). Mais bon. J'ai quand même été super forte dimanche pour les grandes réjouissances familiales, planquée derrière un appareil photo, et c'était même presque agréable de revoir tout ce petit monde après six mois.
Sauf que ma ville natale pue la mort, là où aucun bar- ou même un café, ou même repaire d'alcoolos- n'est ouvert le dimanche soir. Alors avec R. (ex-amour de ma vie/ami d'enfance/hypothétique mari et père de mes enfants) on s'est retrouvés dans la cuisine de ma mère, comme au bon vieux temps. Il va super bien, il est amoureux et je suis heureuse pour lui. Moi j'ai pleuré d'un coup en prononçant le nom de J., et vraiment je ne m'y attendais pas. Pour une fois, ça n'a pas provoqué les sarcasmes de R. Et c'est bien le problème. En fait, c'est pas drôle d'être à la ramasse, même si je peux faire plein de blagues sur le bordel de ma vie.
En passant devant mon lycée j'ai tourné la tête, déjà suffisamment d'images - je suis assaillie.

1.7.08

#2 travailler



Postdam Hauptbahnof-Alexanderplatz : 17h20, 18h20, 19h20, 20h20. Les jours où je cours vers le tram pour sauter dans le train "rapide", pressée de rentrer, attendue. Les jours où je le laisse passer, pour la solution de rechange, 45 minutes de S-Bahn, 10 arrêts, la tête contre la vitre, un coup de soleil sur l'épaule à l'arrivée.
J'ai tellement fait le trajet boulot-gare, à Potsdam, que marcher dans la ville est incongru. La prendre en photo encore plus.

Le matin, NTM pour arriver prête à en découdre. Surtout un lundi quand on découvre ca en arrivant, le standard prêt à exploser à 8h03.

Le soir, je m'endors pour de vrai vautrée dans le train, le volume au maximum pourtant et des petites vieilles me réveillent au terminus.