22.12.08

"Alexander Supertramp"

Ce lundi matin a quelque chose de pathétique. J'ai été chez le médecin, prétendu que je vomissais depuis deux jours et obtenu deux jours d'arrêt maladie. Je retournerai bosser le 24.

J'aime bien mon mec. Le samedi soir, il joue au billard avec son pote-collègue, Hartmut, un mec de cinquante ans célibataire sans enfants avec un air de mec qui râle tout le temps. Mais Hartmut, à force, il m'aime bien. Et moi aussi je l'aime bien. J'aime bien mon mec parce qu'il râle quand je joue comme une merde au billard, quand je fais pas attention, et qu'il me laisse pas gagner, qu'il reconnaîtra jamais que c'était un joli coup, celui-là, mais que je sens que de l'autre bout de la table il me souhaite très fort de rentrer la "Kugel" du premier coup.

Dimanche, il faisait nuit quand on a émergés. J'ai jamais aimé faire la sieste, et surtout pas pour se réveiller quand il fait déjà nuit. Surtout pas un dimanche. Mais à deux, c'est différent, evidemment. J'avais un air de chanson dans la tête ("on fera tout ce qu'on trouve nul quand on doit le faire tout seul, comme se balader le dimanche, et puis boire du tilleuil"). Je pensais presque plus à Noël.

(Je crois que j'avais fini par oublier qu'on était le 21 décembre. Parce que même si je suis une amoureuse phobique des dates, cette date-là n'est pas la mienne. C'est pas moi qui ai entendu la porte claquer ce jour-là, il y a deux ans, c'est pas moi qu'on a laissée, c'est pas mes rêves qu'on a brisés. Et le 21 décembre, l'histoire ne s'est pas répétée, personne n'a quitté personne, on a défait des cartons et balayé des tonnes de poussière.)

Dans la Maison, en face, il y a une nouvelle voisine, qui a peint ses murs en bleu. En bleu roy, bien franc. Il y a de jolies photos encadrées posées par terre, qui attendent d'être accrochées. Ca respire les commencements. Et, accoudée à la fenêtre une clope à la main, j'enviais la nouvelle voisine. Je me disais que peut-être elle allait rencontrer B. elle aussi, qu'il lui ferait découvrir Berlin, qu'il lui parlerait de l'histoire de la Maison et que peu à peu elle découvrirait tout ça, cette atmosphère et ces gens. Je l'enviais. Il m'a fallu un moment pour me sentir nulle. Hey, ça t'es déjà arrivé, à toi, ça. C'est bon, c'est fait.

J'aimerais bien pouvoir entrer dans l'avenir, dans le mien si possible. Comme j'aimerais. C'est peut-être pour ça, mes envies d'emmenagement, mes envies de...J'aurais besoin d'arrêter les coups de fil à minuit, après une soirée ailleurs, les "tu fais quoi, là?", les "je peux venir". J'aurais besoin d'être là et que ce ne soit plus discutable, histoire de passer à autre chose, histoire de ne plus sentir le besoin, d'avoir l'esprit libéré de ça, au moins.

J'aurais besoin d'une nouvelle ère.

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Mais j'ai préféré crever l'abcès. Parfois, je suis comme ça, aussi. J'en suis fatiguée de mes attentes, de mes envies. Je me suis souvenue que devant la chambre Bleue j'ai pensé que, même si j'habitais vraiment dans la Maison, je l'envierais quand même, ce bleu aux murs.

J'ai passé un coup de fil, laissé passer mes silences et collé des mots sur. Pour déclarer la période de cristallisation immobilière close.

C'est pas une vie de couple qu'il me faut, c'est de nouvelles couleurs.

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