8.12.08

"and you see me with somebody new"

Ce n'était pas au même endroit, et peut-être pas tout à fait aussi classe. Pas aussi impressionnant non plus la deuxième fois. N'empêche que dans ma robe à paillettes je frisonnais autant de froid que d'angoisse -de trac- en attendant l'ouverture des portes avec S.

J est déjà entré, par l'autre porte, puisque ce soir il travaille. Les quelques visages connus que je croise me font moins d'effet que prévu, et quand quelqu'un me demande où j'étais passé tout ce temps, je réponds 'versteckt' (cachée) sans savoir ce que j'entends par là.

J'entre avec S chargée de ses appareils photos dans la salle de jeux. Autour des grandes tables, on ne voit que des têtes baissées, et des bras qui se lèvent au hasard des chiffres, parfois le reflet brillant des robes des filles.

Derrière le rideau doré, j'aperçois de justesse son sourire qui ne me voit pas. Juste devant l'orchestre. Je le regarde longtemps et je ne fais pas attention à qui pourrait me regarder, moi. Je le regarde distribuer des cartes, l'air heureux, un peu. Derrière le rideau et juste devant l'orchestre, il y a seulement ce qui occupe mes pensées depuis un an. Il est beau, concentré, inaccessible.

Ca m'échappe.

Je n'ai pas envie de boire. J'ai envie d'être très consciente de ce moment. Et je regarde, longtemps, et avant les larmes aux yeux, je détourne la tête.

Entre 3 et 5, l'heure à laquelle, scientifiquement, le corps et l'esprit sont le plus fatigués, je croise quelqu'un devant le miroir des toilettes et pendant que je rougis un peu mes joues, elle me dit bonjour le plus ironiquement du monde, avec un petit sourire "il fallait evidemment que je tombe sur toi". Je n'en pense pas moins, la fille restée plus longtemps que moi dans la cuisine de l'an passé. Je danse avec B et surprend, mais une seule fois, le visage de l'Ex, j'écoute S me parler comme d'habitude de la même personne, je ne bois toujours pas beaucoup, j'attends. Longtemps je reste assise sur le canapé où je fixe le groupe sur la scène, et je pense aux "fragments d'un discours amoureux". 

Celui qui aime c'est celui qui attend.

Il est 4h30 et j'attends la fermeture des salles de jeux. Jusqu'à ce qu'il vienne me chercher et qu'il m'embrasse, et qu'il me demande 'ça va, quand même'.

Dans la grande salle, sur les fauteuils de salles de cinéma, des visages pas croisés depuis le m*nibar, et ceux qui me regardent à côté de lui avec un air un peu narquois au coin de l'oeil, la petite jeunette qui débarque et ne sait pas où elle met les pieds. Seulement j'ai maintenant pour moi suffisamment de choses, suffisamment de larmes et de joies pour défier leur regard. Même si j'entends les soupirs derrière mon dos.

Dans la petite salle du devant on n'est plus très nombreux et la fille restée plus tard que moi dans la cuisine est là aussi. Et J danse un peu avec elle et je ne sais pas si comme les autres j'ai le droit de remarquer qu'elle enchaîne les shoots de vodka sur la table. Un an après. Quand il me cherche du regard et qu'il m'enlace et qu'on rit ensemble, et que je pense très fort, un an après, "on y va", oui on rentre se coucher, et dans la voiture de S. il fait déjà jour.

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